Vingt-et-une heures quinze.
Cette putain de journée est enfin terminée.
Je range méthodiquement mes documents dans ma mallette, éteins mon ordinateur et regarde dehors à travers la fenêtre. Sans grande surprise, il fait nuit noire. Et de ce que je sais, il n’est pas bon de traîner seul dans ce quartier à une heure pareille, surtout lorsque l’on sort d’un bureau du quartier d’affaires. Si le jour, on peut tout au plus avoir affaire à un pickpocket qui se noiera dans la foule une fois son méfait accompli, le soir, on peut croiser toutes sortes de gangs redoutablement armés et doués au combat rapproché.
Alors avec tout ça… je n’habite peut-être qu’à une dizaine de minutes à pied, mais je n’ai pas la moindre intention de marcher seul dans le coin. Le taxi, c’est pas si mal. Je lève mon poignet pour en commander un en quelques gestes avec ma montre. Huit minutes d’attente… Tant que ça ? Autant rester ici, bien au chaud et à l’abri, si c’est comme ça…
Je tourne mon fauteuil vers la fenêtre en soupirant. Les bureaux sont complètement déserts depuis au moins une heure mais, il fallait absolument que je termine cette fichue paperasse… Mais bon, je prends sur moi. Au moins… c’est le dernier jour de la semaine. Il faut vraiment que je prenne mon week-end pour me reposer.
Ma montre émet un signal sonore qui, depuis le temps, ne me fait même plus sursauter. Ça me paraît trop tôt pour être le taxi, mais je suis curieux. Une actualité, pour changer…
« Incroyable : Découvrez ce que #FTL a fait économiser à Whiteness en un an ! »
Je retiens un rire et rejette la nouvelle d’un geste vers la gauche. Ce n’est pas que ce qui touche à l’actualité des Capacités ne m’intéresse pas, au contraire, mais… pas ce soir. J’ai envie de penser à autre chose.
Je me remets sur l’application du tracker GPS. Le taxi est presque arrivé. J’ai encore dû tomber sur un de ces chauffeurs qui dépassent les limitations de vitesse et ne s’arrêtent pas aux feux rouges pour toucher sa foutue prime de rapidité. Je soupire, agacé. J’espère qu’il ne va pas nous tuer sur la route…
Je quitte mon bureau pour me diriger vers l’ascenseur et quelques étages plus tard, je retrouve mon véhicule et m’y engouffre avant que qui ce soit n’ait l’idée d’essayer de me voler. Ce n’est pas comme si je transportais quoi que ce soit de valeur : cette WatchAll a presque un an et est quasiment obsolète, et je ne suis pas le genre de personnes qui se promène avec beaucoup d’argent liquide – plus personne ne fait ça, de toute façon. Pour autant, je n’ai pas spécialement envie de me faire passer à tabac juste parce que je sors d’un bureau de ce quartier.
Je renseigne mon adresse au conducteur et m’enfonce dans mon siège.
« Essayez de ne pas nous faire tuer, OK ? »
⁂
Seize heures trois.
Seul sur mon balcon, je me prends la tête entre les mains, dépité. Dire que j’espérais me changer les idées en prenant un peu l’air… Pourquoi a-t-il fallu que mes voisins organisent ce putain de brunch le seul jour où il ne fait pas trop chaud pour que je profite de mon balcon ? Je sens l’odeur de leur viande industrielle qui brûle sur leur barbecue bon marché, j’entends les rires forcés et idiots de leurs invités, leur musique répétitive qui me vrille les tympans.
« Est-ce que vous avez vu ce que #FTL a fait économiser à Whiteness ? s’exclame ma voisine d’une voix complètement hallucinée. C’est in-cro-yable ! Des millions !
– Ah bah c’est clair, répond ce que j’identifie comme étant la voix nasillarde de son invité. Quand on n’a plus besoin de payer de transports sur un produit vendu à l’international. C’est clair qu’ils ont pas encore remboursé l’achat d’#FTL, mais sur le long terme… c’est clair !
– C’est clair ! »
Je lève les yeux au ciel et retourne à l’intérieur. Bon, certes, ils m’exaspèrent, mais ils m’ont refait penser à #FTL… J’avais complètement oublié cette histoire. Je m’assois à mon bureau et ouvre mon ordinateur. Je ne tape que le mot-clé et immédiatement, l’article de la veille réapparaît.
« Incroyable : Découvrez ce que #FTL a fait économiser à Whiteness en un an !
Rappelez-vous : il y a un an jour pour jour, la célèbre marque de dentifrice Whiteness® rachetait à UBetterEat® la Capacité #FasterThanLight pour la somme de 5 148 FlexCoins (FLC), soit à l’époque 47 millions de dollars. Armand Noyet, le CEO de Whiteness®, a révélé hier au cours d’une interview que cet achat leur avait déjà permis d’économiser plus de cinq millions de dollars en frais de transports. Et oui, nul besoin de bateaux, de camions ou encore d’avions lorsque l’on possède #FTL, la capacité qui permet de téléporter n’importe quoi, n’importe où. L’essence, la main d’œuvre, tout cela passe à la trappe, de l’usine aux magasins en un clin d’œil ! Même si, pour le moment, Whiteness® ne fait que commencer à rembourser cet achat, Mr. Noyet est confiant et ne se dit pas prêt à revendre cette #FTL.
Pour suivre une autre affaire d’achat de Capacité, rendez-vous sur cet article, dans lequel nous vous expliquons pourquoi nous pensons que l’entreprise Brighter® a toutes les chances de racheter #ComeBack ! »
Je m’éloigne de la fenêtre de navigation, pensif. Je me demande ce qu’est devenue l’entreprise UBetterEat, depuis qu’elle a revendu #FTL. À l’époque où elle la possédait encore, cette boîte s’en servait pour exporter facilement et n’importe où des produits alimentaires des quatre coins du monde. Dire qu’ils comptaient sur les remords des consommateurs à l’idée d’acheter un produit qui venait de l’autre bout de la planète pour augmenter leurs ventes… ils s’étaient lourdement trompés. Leur plus grande erreur avait été de ne pas baisser les prix de leurs produits même une fois le coût du transport retiré. Preuves à l’appui, ils affirmaient que la plus-value allait désormais directement dans la poche des producteurs qui avaient planté et récolté les aliments que les consommateurs retrouvaient dans leurs supermarchés. Quel tollé ça avait été… En quelques jours, les réseaux sociaux s’étaient enflammés. À quoi bon acheter une Capacité si elle ne servait même pas à baisser le prix final des produits, comme le faisaient pourtant toutes les autres entreprises ? Les utilisateurs s’insurgeaient, leur intimant de revendre la Capacité à une marque qui, elle, saurait en faire bon usage. UBetterEat avait tenté de rectifier le tir en baissant légèrement le prix de ses produits et en distribuant des bons d’achat, mais c’était trop tard, le boycott massif était déjà en place. Ruinée, l’entreprise s’était résolue à remettre la Capacité sur le marché. Les entreprises s’étaient battues à n’en plus finir, enchérissant et surenchérissant, et finalement… Whiteness l’avait emportée.
Avec quarante-sept millions de dollars, j’imagine qu’on peut se refaire. Mais cela fait un an que l’entreprise UBetterEat ne fait plus parler d’elle.
Un an déjà… C’est dingue comme je ne vois plus le temps passer.
À propos de temps… seize heures vingt-et-une. Je me dirige vers mon frigo et en sors une canette de bière que je pose près du canapé avant d’allumer ma télévision. Il y a bien une série ou un film qui arrivera à me distraire pour la soirée… Je tombe direct sur les infos. J’ai à peine le temps de lire la petite banderole affichée en bas de l’écran avant que mon service de streaming n’apparaisse à l’écran.
« Enchères : Pourquoi Brighter a toutes les chances d’obtenir la Capacité #ComeBack. »
Je laisse échapper un rire en ouvrant ma canette. C’est dingue comment à chaque fois qu’il y a des enchères, tout le monde parle comme si tout était déjà écrit à l’avance. En plus, leurs pronostics sont loin d’être bons à chaque fois. Dans le cas de #FTL, pas grand monde n’avait parié sur Whiteness. Le grand favori du moment était une marque de téléphones et pourtant, elle ne l’avait pas emportée. Alors dans le cas d’une Capacité aussi prisée que #ComeBack, croyez-moi lorsque je dis qu’il y a de la concurrence sur le marché.
J’attends un instant que les premières bulles éclatent et je bois une grande gorgée de bière avant de reposer la cannette sur la table basse devant moi. Je lis machinalement la petite inscription sur l’étiquette en attendant que ma télévision ne charge.
« Cette canette et son contenu ont été crées en un clin d’œil grâce à #FromScratch ! »
Je soupire en resserrant ma prise sur la télécommande. Pourquoi est-ce qu’il faut que je pense à elle dans les pires moments ?
« Tu ferais quoi, si tu pouvais te servir de genre… #FromScratch ? Ou de #FTL ? »
Je me souviens de sa tête lorsque je lui avais posé cette question. Une incompréhension presque méprisante.
« Pourquoi tu voudrais que je m’en serve ?
– Je sais pas, comme ça ? T’en as jamais rêvé ?
– Moi ? Euh, non, j’ai pas d’entreprise à ce que je sache. Je vois pas à quoi ça pourrait bien me servir. Tu poses vraiment des questions bizarres, toi. »
Bon, à sa décharge, elle est loin d’être la seule personne à avoir réagi de cette façon après une de mes questions. Mais je crois que ce qui m’a le plus marqué, c’était cette phrase qu’elle m’avait dite lorsqu’elle m’avait quitté.
« Tu devrais revoir tes priorités. Toi et moi, on n’est pas du tout sur la même longueur d’onde. »
Je ne l’avais pas revue depuis. Ce n’était peut-être pas plus mal…
Alors pourquoi est-ce qu’elle me manque encore…?
Mes yeux se tournent à nouveau vers l’écran. Trouver une série…
⁂
Une heure trente-quatre.
Comme souvent, je n’arrive pas à dormir. Pourtant, ce n’est pas comme si je n’allais pas devoir me rendre au bureau dans sept heures…
« Et puis merde, j’y vais pas, ils ont qu’à aller se faire foutre… Ils peuvent bien se passer de moi une journée ! »
Je repose ma quatrième canette – créée grâce à #FromScratch – et soupire. Je sais très bien que c’est faux. Je sais que si je n’étais pas là, cette putain d’entreprise ne pourrait pas tourner. Surtout en ce moment, avec tout ce qui est en cours. Il faut absolument que j’y aille.
Allez, tiens bon…
Une notification attire mon regard. Un FaceTime ? À une heure pareille ? Mais bon, OK… Michaël est sympa, et ça fait un moment qu’on parle de se revoir, lui et moi. Je me recoiffe et me frotte les yeux avant d’accepter la conversation.
« Yo mec, ça va ? »
Je prends part à la conversation en feignant l’enthousiasme. Il me parle de ses projets, de ses trois jours de congés qu’il a exceptionnellement réussi à débloquer grâce à ses performances au travail, de sa petite amie avec qui il compte se marier, de leurs projets d’enfants…
Comment tu peux vouloir des gosses dans ce merdier, mon gars ?
« Bref, je parle je parle, et toi, ça va ? »
Je hausse les épaules.
« Mouais, un peu claqué.
– Tu m’étonnes ! Ça doit être la course au taf, hein ?
– Ouais, désolé, j’ai pas très envie de parler de ça…
– T’inquiète, je comprends. Bon courage en tout cas ! Et sinon, niveau meuf ? Tu cherches toujours pas à te recaser ?
– Non, depuis Sophie, pas tellement…
– Rah, mec, sérieux, t’as vraiment besoin de tirer un coup ! »
Je ne sais pas vraiment quoi répondre à ça. S’il croit que c’est ça qui me manque le plus chez elle, il se trompe lourdement. Mais ce n’est pas avec lui que j’aurais envie de parler de ça. Ni avec qui que ce soit, en réalité.
« Bof, je sais pas…
– C’est pour ça que t’es claqué. Fais un truc, je sais pas, installe une appli de rencontre ! Ou alors, si t’as la flemme de rencontrer quelqu’un… »
Sa voix malicieuse ne me dis rien qui vaille…
« Pitié, tu vas pas encore me parler de porno ?
– Si ! Mec ! Vraiment, t’es toujours pas allé voir les nouvelles prods d’AllUrKinX ? Depuis qu’ils ont racheté #Awaken c’est un truc de dingue, ça valait vraiment l’attente ! Un porno et au dodo, tu vas voir, ça c’est une recette miracle !
– Bof, je suis pas sûr que ce soit mon truc…
– Roh, je sais pas ce qu’il te faut ! Sérieux, moi… si j’avais la Capacité de jamais être fatigué, crois-moi, j’en profiterais bien avec Suzie, tu vois ce que je veux dire…
– Ouais, ouais, je vois très bien ! »
Son regard change d’un seul coup, retrouvant cette lueur de défi qu’il avait quand on était encore au lycée.
Tout ça semble si loin…
« Remarque, je pourrais peut-être la pirater !
– Excellente idée, si t’as envie de te faire immédiatement arrêter par la police.
– Ça va, monsieur j’ai fait du droit. Je sais ce que je risque. Et même s’ils ont rétabli la peine de mort, je suis pas certain qu’ils l’utiliseraient vraiment pour ça.
– Bah théoriquement, ils pourraient…
– Dans ce cas… je serais mort en faisant ce que j’aime.»
Je ris malgré moi. Je ne sais pas comment il fait pour rester éternellement optimiste. C’est quelque chose que je trouve à la fois revigorant et dangereusement absurde.
Il reprend, toujours aussi souriant :
« Enfin bref… Dire qu’à la base, cette Capacité devait aller à l’armée et que le porno a réussi à la racheter sous leur nez… Ça me fait trop rire.
– Peut-être que le vieux proverbe Faites l’amour, pas la guerre a traversé les âges.
– Mec, j’ai aucune idée de ce dont tu parles, mais ça a l’air drôle quand on a la ref.
– T’occupe, c’était dans un de ces vieux bouquins…
– Ouais… Si tu veux te trouver une copine, faudra que t’arrêtes avec tes refs de vieux, aussi.
– Je t’emmerde.
– Je t’aime aussi, mon frère. »
Il regarde sa WatchAll et se met à bâiller.
« Bon, c’est pas tout mais faut que j’aille bosser dans quatre heures. Je vais pioncer un peu. À plus mec, et tiens-moi au courant s’il y a du nouveau au taf !
– Bah, tu le verras aux infos de toute façon.
– C’est vrai… Allez, à plus ! »
Je lui souhaite une bonne sieste et referme mon écran. Il serait peut-être temps que j’aille dormir aussi. La semaine s’annonce longue.
⁂
Sept heures cinquante-sept.
J’ouvre la porte automatique de l’entreprise Brighter à l’aide de ma carte magnétique et m’engouffre dans les locaux. Tout est déjà noir de monde, mais les employés ont tous les yeux rivés sur la télévision de la salle de réunion. Le mot #ComeBack est sur toutes les lèvres, et personne ne prête attention à moi alors que je me fraye un chemin jusqu’à l’ascenseur. Ce n’est pas plus mal. Je déteste devoir parler à qui que ce soit, le matin.
Les portes s’ouvrent, je suis à mon étage. Je m’enferme dans mon bureau, enfin seul.
Une longue semaine de paperasse m’attend.
⁂
Vendredi. Dix-neuf heures treize.
Ma montre m’envoie des notifications en rafale. Quelques messages de Mickaël se noient au milieu des gros titres de l’actualité.
« #ComeBack racheté par Brighter pour 8 710 FlexCoins ! »
Eh oui, ça, pour une nouvelle…
« C’est officiel ! Brighter® a racheté la Capacité #ComeBack à l’entreprise de high-tech DigiTalk® pour la somme de 8 710 FlexCoins, soit plus de cent millions de dollars ! C’est jusqu’ici la somme la plus importante jamais versée pour un rachat de Capacité.
Pour rappel, Brighter est une entreprise de cosmétiques spécialisées dans la vente de produits anti-rides. Ce rachat très attendu n’est pas sans faire écho au célèbre slogan de l’entreprise : And your youth comes back. On comprend pourquoi Brighter® tenait tant à remporter cette enchère !
Pour le moment, Nicolas Teres, le CEO de l’entreprise qui a hérité de l’affaire de son père, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il a simplement déclaré que lui et ses équipes s’occupaient de faire signer aux employés la clause de confidentialité et d’interdiction d’utilisation de la Capacité hors du lieu de travail réglementaire, et que “tous les tests nécessaires [seraient] réalisés dans le but d’éviter tout accident”. Une sage décision lorsqu’on se souvient que, un an et demi plus tôt, UBetterEat avait mal calibré ses premières téléportations, envoyant directement des aliments emballés dans du plastique dans l’estomac de plusieurs de leurs employés. Avec une capacité comme #ComeBack, mieux vaut redoubler de prudence. En tout cas, nous avons hâte d’en savoir plus sur les incroyables projets que nous réserve Brighter® ! »
Je ferme la fenêtre de navigation et soupire. Les incroyables projets ? Tu m’en diras tant. Tout ça c’est tellement… tellement blasant. Ces enchères… ça a été épuisant pour tout le monde dans la boîte. Négocier, re-négocier, convertir l’argent en cryptomonnaie pour profiter de justesse d’un rebond prédit par une poignée d’experts, négocier encore, passer devant… et enfin, signer. Enfin…
Il faut vraiment que je parte profiter de mon week-end. Parce que je pense que ce qui nous attend ensuite ne sera malheureusement pas moins harassant.
⁂
Neuf heures vingt-sept.
Bon sang, la journée va être longue…
Quand est-ce qu’il va se taire ?
« Donc, monsieur, que je résume. À partir de maintenant, toute personne qui possède un pot de crème Brighter vide sera invitée à le déposer dans n’importe quel magasin pour récupérer sa consigne, comme elle le ferait pour n’importe quelle bouteille ou pot en plastique. Sauf qu’au lieu de partir vers les centres de tris, ils seraient ré-acheminés vers nos entreprises et…
– Nous verrons cela plus tard. »
Un court silence s’installe.
« Mais, monsieur, il va falloir en discuter… Cela signifie que tous les magasins qui possèdent un centre de consignes devront avoir un bac spécial pour les pots de crème Brighter, cela a un coût, sans compter qu’il faudra que les consommateurs le respectent et c’est beaucoup leur demander, s’il n’y a pas une récompense financière. Par exemple, la consigne pourrait leur apporter un bon d’achat très important sur le prochain pot, ce qui…
– Nous verrons cela plus tard. »
Il semble décontenancé.
« Monsieur Teres, avec tout le respect que je vous dois… Nous devons peaufiner notre stratégie marketing au plus vite. Maintenant que nous savons que nous avons gagné les enchères, il faut absolument…
– J’en suis conscient. Et j’ai toute confiance en votre équipe pour cela. En attendant, j’ai encore de nombreux papiers à signer et des tests à pratiquer pour m’assurer du bon fonctionnement de la Capacité.
– Je comprends, monsieur… Si ce n’est pas indiscret, savez-vous quand la Capacité sera activée pour de bon sur votre WatchAll ?
– Cela devrait prendre une semaine. Et une de plus pour que tous les employés habilités y aient accès. Ne vous en faites pas, nous avons encore du temps pour mettre en place notre stratégie. En attendant, vous pouvez relâcher les publicités et les posts réseaux sociaux de l’équipe communication. Vous avez mon feu vert.
– Ah, oui, avec notre slogan mêlé au nom de la Capacité. Bien, monsieur. Je vais passer le message.
– Merci. »
D’un geste patient, je lui indique la porte. Avec un sourire pincé, il quitte la pièce.
Brighter a racheté #ComeBack.
Je me tourne vers la photographie de mon père, posée sur un coin de mon bureau.
« Ça y est, j’ai fait ce que tu voulais… T’es content, maintenant ? »
Un ange passe.
Mais merde… pourquoi est-ce que je me sens toujours aussi vide ?
⁂
Sept heures trente-sept.
Je me suis réveillé tellement en retard aujourd’hui… Mickaël me dit que je ne dors pas assez et je commence sérieusement à penser qu’il a raison. Mais là tout de suite, ce n’est pas trop le moment de me soucier de ça. Mes employés ont organisé une putain de réunion en urgence ce matin et vu l’heure qu’il est, même en me dépêchant, j’aurai au minimum quinze minutes de retard.
Alors que je sors de chez moi pour me rendre au bureau, j’entends une notification sur ma montre.
« Coup de théâtre : Hot Chicks rachète #NothingLeft ! »
Je lève un sourcil et interromps ma marche.
Oh, merde…
« Mais qu’est-ce que… »
J’ai un mauvais pressentiment.
Pas le temps. Non, non, pas le temps pour ça.
J’ai pas envie de savoir.
Je presse le pas. Il faut que j’aille à Brighter. Le reste, on verra plus tard.
J’ouvre la porte de la salle de réunion de mon étage en essayant de masquer mon essoufflement. Toute l’équipe de marketing et de communication est là et bien sûr, je suis la seule personne en retard. Mais en tant que patron… je vais faire comme si cela ne me dérangeait pas le moins du monde d’être celui que l’on attend.
« Ah, monsieur Teres ! Vous êtes là ! »
Mon fidèle assistant a l’air plus inquiet encore que d’habitude. Je m’assois tranquillement tout en serrant fort ma mallette pour cacher mes mains légèrement tremblantes. Et de ma voix la plus calme, je demande :
« Pourquoi avez-vous programmé cette réunion ?
– Est-ce que vous avez vu les infos ? #NothingLeft a été rachetée !
– J’ai cru comprendre, mais je ne me suis pas encore intéressé aux détails. En quoi est-ce que ça nous concerne ? »
Reste calme.
« Eh bien, ça fait déjà trois semaines qu’on a obtenu #ComeBack et à part avec nos publicités, on n’a pas du tout communiqué dessus. Il faut vraiment qu’on se lance tout de suite, maintenant ! Les médias ne vont pas en parler éternellement, il faut profiter du coup de boost avant qu’il ne s’essouffle !
– Je vois. Je vais mener mes tests aujourd’hui, dans ce cas. Avez-vous…
– Amené des pots de crème vides ? Oui, ils sont juste ici. Et on en a d’autres en bas, au cas où vous auriez besoin de plus. »
Il me désigne une petite table près de l’entrée, sur laquelle six pots de crème sont là, empilés les uns dans les autres.
« Très bien, merci. »
Ne rien laisser paraître.
« Aviez-vous autre chose à me dire ?
– Euh, non, mais, je…
– Dans ce cas, je vais retourner dans mon bureau. Je vous tiens au courant pour mes tests.
– Monsieur Teres… Est-ce que vous allez pouvoir nous dire ça… dans la journée ?
– Oui, c’est tout à fait faisable. Je serai dans mon bureau pour pratiquer les tests.
– Bien, monsieur… »
Je quitte la pièce après avoir pris les pots vides, sans me retourner, et me dirige vers mon bureau, à quelques mètres de là. Une fois seul à l’intérieur, je me tiens dos à la porte quelques secondes, le cœur battant la chamade. #NothingLeft, qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qu’est-ce que vous avez foutu ?
Soudainement, je me secoue et marche précipitamment vers mon bureau. Je jette négligemment les pots pour ouvrir mon ordinateur et mets la première chaîne d’info qui vient, sans réfléchir.
« … et on apprend que l’association GreenAgain a vendu #NothingLeft ce matin à l’entreprise Hot Chicks, pour la somme de dix millions de dollars. Nous sommes en duplex avec le PDG de Hot Chicks, Geoffroie Bosse. Monsieur Bosse, qu’avez-vous à nous annoncer ? Que comptez-vous faire de #NothingLeft ? »
Un homme apparaît à l’écran. Immédiatement, je le hais. Je le hais pour sa carrure, pour son petit air suffisant, pour son costume impeccable et sa montre bling-bling à six-cents FlexCoins, pour son sourire satisfait qui me donne envie de l’étrangler.
« Eh bien c’est simple, nous, on vend du poulet, et qu’est-ce qui est insupportable quand on achète du poulet ? Et oui, se retrouver avec du gras, ou pire, avec des petits morceaux d’os ! Grâce à #NothingLeft, on pourra supprimer tous ces éléments indésirables avant même que nos produits ne soient mis en vente ! Avouez, c’est quand même plus rassurant de savoir qu’on mange un produit sain !
– Tout à fait ! Et cela permettra-t-il une baisse de prix, ou allez-vous uniquement vous concentrer sur une meilleure qualité de vos produits ?
– Eh bien oui ! Bien sûr, nous y avons pensé ! Imaginez que vous tenez votre poulet – mort bien sûr, ha ha ! et hop, en un claquement de doigts, vous pouvez supprimer ses plumes, ses pattes… Un sacré gain de temps, donc moins d’employés nécessaires, et donc…
– Et donc une baisse de prix! C’est vraiment formidable, on peut dire que vous ferez un bon usage de #NothingLeft ! Avez-vous une autre déclaration à faire ?
– Oui, tout à fait… J’aimerais répondre à toutes ces accusations de lobbying ou je ne sais quoi… GreenAgain n’a subi aucune pression de notre part, ni de la part de qui que ce soit d’ailleurs, pour nous vendre #NothingLeft. Nous les avons tout simplement convaincus avec notre projet et-
– Mais bien sûr ! Tu te fous de ma gueule, espèce de sale connard ! »
Je balaie mon ordinateur d’un geste que je ne contrôle pas. Je l’entends se fracasser contre le mur à ma gauche. Mais je m’en fous.
C’est plus possible.
« Monsieur Teres ? »
J’entends quelques coups contre ma porte. Je ne réponds pas, mais mon assistant insiste.
« Monsieur Ter-… »
Il a ouvert la porte, et sa voix s’interrompt net lorsqu’il aperçoit mon ordinateur, son écran brisé et ses touches qui ont volé en éclats.
« Monsieur Teres, tout va bien ? »
Quelques têtes curieuses apparaissent derrière lui.
« #NothingLeft a été rachetée… par… »
Ma voix est brisée, méconnaissable.
« Oui, en effet, c’est ce qu’on vous disait… il faut se dépêcher de communiquer…
– Putain, mais tu comprends rien ! »
Ses yeux s’écarquillent sous le choc.
« Monsieur…
– Tu comprends rien ! J’en ai rien à foutre de communiquer, tu comprends pas ? Personne comprend rien, bordel ! Ça vous fait rien, vous ? Ça vous fait vraiment rien ? #NothingLeft, c’était… c’était la seule putain de chose qui me faisait tenir, qui me faisait penser que les Capacités pouvaient être utilisées de façon intelligente ! La putain de seule chose ! »
Je frappe mon bureau si fort que j’entends les pots vides tressauter et tomber au sol.
« GreenAgain s’en servait pour supprimer les déchets des océans, pour réduire le putain de continent de plastique, pour dépolluer les rivières, pour débarrasser les forêts de toutes ces cartouches de balles à la con, pour détruire les mégots des connards de fumeurs qui les jettent n’importe où ! Tous les matins, des gens se levaient et utilisaient cette Capacité pour rendre le monde un peu moins merdique, à la sueur de leur front, pour un salaire de misère, pour que tout le monde se foute de leur gueule en disant qu’ils servaient à rien ! Et tout ça pour quoi ? Pour que ce soit racheté par une putain d’entreprise de poulets ? »
Je ne vois plus rien, je n’entends plus rien. Il faut que ça sorte.
« Pourquoi est-ce que tout le monde s’en fout ? Pourquoi est-ce que tout ce qui vous intéresse, c’est la putain de communication autour de notre marque d’anti-rides à la con achetée par des connards de vieux riches qui peuvent plus supporter de voir leur gueule dans le miroir ? »
Relâche tout.
Enfin.
« Comment est-ce qu’on a pu en arriver là ? Comment ? On a tout ce dont l’humanité a toujours rêvé, et qu’est-ce qu’on en fait ? On peut voyager dans le temps, et c’est juste une marque de vêtements qui s’en sert pour prédire les tendances du futur ! Des putains de concepteurs de voitures lisent dans les pensées juste pour savoir dans quelle fonctionnalité débile les pigeons qui leur servent de clients sont prêts à claquer leur thune, magnifique ! On peut déplacer instantanément de la matière n’importe où dans le monde, et on s’en sert pour téléporter quoi ? Des putains de tubes de dentifrice ? De mieux en mieux ! On peut surpasser les limites du corps humain, et on s’en sert pour tourner des films de cul qui durent trois heures ! On n’a vraiment rien trouvé de mieux ? »
On pourrait entendre une mouche voler. Personne n’ose plus rien dire et moi-même, je suis à court de mots, à bout de souffle.
Ou simplement à bout…
« Et nous on a… #ComeBack et… on veut juste… nos putains de crèmes anti-rides… »
Je n’arrive même plus à formuler de phrases correctes, à ce stade. Je ferme les yeux et me prends la tête entre les mains pour expirer bruyamment.
« On fait partie du problème… »
Je le répète encore quelques fois, comme si j’essayais de trouver un sens à ces mots. Mon ex-copine, mes parents, et même Mickaël… pourquoi eux non plus, n’ont jamais vu de problème dans tout ça ? Pourquoi est-ce que personne n’y voit, comme moi, rien qu’un immense potentiel gâché ? Une perte monumentale, une tristesse absolue pour l’humanité ?
On pourrait faire tellement mieux que ça…
J’essuie mes yeux avec la manche de mon costume et secoue la tête. Je me redresse sur mon siège et me racle la gorge. Je me recoiffe et réajuste mes lunettes.
Calme-toi.
Je n’ai jamais vu ce regard sur leurs visages. Je repose mes avant-bras sur mon bureau et inspire longuement.
« Laissez-moi, s’il vous plaît. J’ai besoin d’être seul quelques minutes. »
Mon assistant reste figé, pâle comme la mort. Les autres employés ne sont pas en reste.
OK. Respire.
Un, deux, trois quatre…
« Hum… Je… je suis désolé de m’être énervé. Vous n’y êtes pour rien, je sais… Ça ne se reproduira plus. Retournez à vos activités. Je vais faire les tests et… je vous tiens au courant.
– Bien, monsieur. »
Sa voix ne me parvient qu’à peine. À reculons, tous sortent de mon bureau et ferment silencieusement la porte derrière eux.
Je m’effondre dans mon fauteuil et prends quelques instants pour essayer de calmer ma respiration. Je jette un regard au cadre de la photo de mon père.
Il s’est renversé.
⁂
Onze heures douze.
J’ai terminé de ranger le désordre dans mon bureau. J’ai remis méticuleusement les touches de mon ordinateur, j’ai replacé le cadre bien droit, soigneusement rangé les papiers qui avaient volé. Assis sur mon fauteuil, j’ai même pris le temps de faire une petite pyramide avec les pots de crème Brighter vides.
Rangée de trois, rangée de deux, et le petit dernier tout seul en haut. Parfaitement alignés.
J’ai cessé de trembler, mon envie de hurler et de pleurer toutes les larmes que j’ai en réserve s’est apaisée. Toute tension a quitté mon corps.
Tout est bien à sa place, la vie à Brighter est prête à reprendre son cours.
Tout va bien.
Maintenant, il faut que je teste la Capacité.
Je détache ma WatchAll de mon poignet et la pose sur mon bureau pour faire apparaître le manuel d’instructions de la Capacité #ComeBack en hologramme. Le petit texte de bienvenue apparaît :
« Félicitation, Nicolas Teres ! Vous êtes maintenant l’heureux propriétaire de #ComeBack, la capacité dite de retour en arrière.
Tout ce que vous avez à faire, c’est de visualiser nettement la chose que vous souhaitez réinitialiser, appuyer sur le bouton “Valider” et en un clin d’œil, vous pouvez remettre les choses dans leur état initial. Par exemple, remplir une bouteille vide, réparer un objet cassé, et plein d’autres choses encore. Parfait pour les remettre comme neufs, prêts à revenir sur le marché !
Pro-tip : Pour vous aider, particulièrement les premières fois, nous vous conseillons de prononcer à voix haute le nom de l’objet que vous comptez réinitialiser.
Warning : Pour éviter tout accident ou mauvaise utilisation de la Capacité, nous vous conseillons d’effectuer vos propres tests avant de laisser vos employés l’utiliser.
Enjoy ! »
Alors c’est si simple que ça ? Je me demande si ça fonctionne de la même façon, avec les autres Capacités. Sans doute que oui. Depuis qu’elles ont été synthétisées et mises en vente sur le marché, j’ai entendu dire qu’au fil du temps, on avait rendu leur utilisation de plus en plus intuitive. Avec ça, même le plus sombre crétin pourrait s’en servir – Hot Chicks en est témoin. Pour autant, je dois dire qu’en posséder une pour de vrai… En réalité, je ne sais même pas ce que ça me fait.
Je pensais que je ressentirais une puissance infinie, quelque chose de fort qui me bouleverserait mais… rien du tout. Peut-être que c’est cette matinée qui m’a définitivement sapé le moral, peut-être que c’est parce que je n’ai fait que réaliser le rêve de mon père défunt, parce que je n’ai jamais suivi mes propres envies et décidé de reprendre cette boîte parce qu’elle me permettait de vivre décemment, au lieu de poursuivre mes rêves d’artiste. Peut-être un mélange de tout ça.
Allez, tiens bon.
Je défais ma parfaite petite pyramide en me saisissant du pot de crème tout en haut. Je le garde au creux de ma main et le regarde sans le voir. Alors, en un clin d’œil, je peux le remplir à nouveau, couvercle scellé et prêt à la vente. Puis lorsque je serai sûr de moi, je pourrai transmettre mes instructions à mes équipes pour qu’elle distribue la Capacité à tous les petits employés de Brighter à travers le monde. Plus besoin d’usines pour fabriquer la mixture, plus besoin de matériaux coûteux. Le cycle infini de la vente se poursuivra en nous faisant gagner un temps et surtout, des sommes considérables.
Comment on a pu en arriver là ?
Je fixe le portrait de mon père dans les yeux. Son air déterminé, son assurance, cette envie de toujours se dépasser. Agrandir l’entreprise, gagner plus, écraser ses concurrents, gagner plus, réduire les effectifs et surcharger les emplois du temps, gagner toujours plus.
En voilà, des choses que tu ne m’as pas transmises.
J’appuie sur un bouton de ma WatchAll pour activer la Capacité et, le temps qu’elle charge, je fais un tour sur moi-même en propulsant mon fauteuil avec mes pieds pour regarder dehors. La ville grise et morne engloutit l’horizon à perte de vue. Tant de paysages gâchés… S’il n’y avait que ça.
Ma montre bipe pour m’indiquer que #ComeBack est prête à l’emploi. Je jette un regard en coin à mon pot de crème Brighter vide. And your youth comes back.
On mérite rien de tout ça.
Je pose le pot sur le bureau, place mon doigt au-dessus du bouton « Valider » et ferme les yeux. Allez, il est temps, cette fois. J’inspire profondément.
Concentre-toi…
Visualise…
Et prononce-le.
« Planète Terre. »
Ping : Chrono Challenge : (even) Brighter. - Louise Louvieaux
Ohh, mais tout est ingénieux dans cette nouvelle. Je vais essayer de faire court…
J’aime à quel point le concept est bien pensé et franchement plutôt bien développé au vu de la longueur de la nouvelle. Pour avoir lu et adoré les œuvres du Quatuor de Lois Lowry (qui sont dans le même esprit et dans la même thématique que ta nouvelle), vraiment j’ai kiffé Brighter mais à un point ! La compréhension des enjeux de l’histoire est, je trouve, fluide et particulièrement prenante. C’est un réel écho à l’absurdité et à la raison. Bref, une pépite. (:
Je me rends compte que je n’avais pas encore pris le temps de répondre, je te remercie d’être passée. Je n’ai pas lu ce dont tu parles mais si ça fait écho alors ça m’intéresse…
Merci encore ! ♥
J’ai adoré. Ce personnage au sommet d’une entreprise dont tout le monde parle mais au fond si simple. Le moment où il craque est criant de vérité !
C’est le seul qui trouve choquant ce potentiel gâché. Et cette fin… superbe !
Merci beaucoup d’être venu lire et commenter aussi vite, et pour ton retour ♥
C’est bien le problème de son monde, que c’est l’un des seuls à regarder vraiment autour de lui et à se dire que c’est absurde. Merci encore ♪
Incroyable ! Tu as un esprit plein de bonnes idées, cette nouvelle est juste ouf ! Et criante de vérité, ne nous cachons rien.
Merci beaucoup ♥ trop contente de te voir commenter ici pour la première fois. J’espère te faire revenir avec PdR et TdC aussi huhuh
Blague à part, merci encore d’être passée, ça fait plaisir !
Si je m’attendais à ça !!
Mon cœur s’est serré. Décidément, c’est si bien écrit !
Je relate à ma façon et espère que la technique humaine ne sera jamais égalée par sa bêtise, il n’est pas trop tard ! Enfin, j’espère !
Tu es fort talentueuse Lou, merci de partager tes écrits avec nous 🙂
merciii c’est trop pitouuuu ♥
je suis contente que ça t’ait plu ! Ça m’a vraiment éclatée de l’écrire du coup je suis trop contente des retours que j’ai dessus. Merci encore :*
Super ! J’ai adoré comment la nouvelle s’accélère vers le milieu, on comprend petit à petit les enjeux du personnage principal, et cette fin … Superbe !
Merci ♥♥ et super gentil de m’avoir fait un retour aussi complet en MP !
Bien joué !
Ça fait bien écho à mon mood du moment tout ça, et la chute est bien amenée elle m’a prise par surprise ^^
Ha, merci beaucoup, ça fait plaisir ! Je suis contente de savoir qu’elle était pas si évidente à voir venir, alors ♥♥
Ooooof. J’avais pas vu venir la fin…. XD
ha bah tant mieux, j’avais peur de la rendre trop évidente B)
C’est absolument génial ! D’un futur terrible faisons table rase!
pour que la planète revienne “Brighter” :p