Disclaimer :
Ce texte a été écrit en l’honneur de la semaine de sensibilisation à la santé mentale, d’où sa publication un 10 octobre. Ce n’est par conséquent pas un message caché sur ma propre santé. Prenez soin de vous ♪
J’ai envoyé un SOS, c’était il y a deux ans déjà.
J’ai envoyé un SOS lorsque la nuit est tombée, et que le brouillard s’est installé. Lourd, dense, me rendant aveugle et sourd au monde qui m’entourait. Le signal est allé se noyer dans cette immense chape, le son s’y est étouffé et la lumière éteinte.
Et enfin le brouillard s’est dissipé, mais je n’étais plus tranquille.
J’ai envoyé un SOS lorsque la première tempête a soufflé, lorsque la pluie tombait dru comme jamais et que le ciel semblait se déchirer, lorsque j’ai cru que jamais je ne pourrai m’en sortir vivant. Le signal s’est perdu au milieu de ce vacarme, de ces éclairs qui m’aveuglaient.
Et puis le calme est revenu, mais rien n’était plus comme avant.
J’ai envoyé un SOS lorsque l’eau a commencé à s’infiltrer, alors que j’étais seul pour écoper, alors que le niveau ne semblait qu’augmenter encore et encore, alors que le rivage me semblait de plus en plus loin et inaccessible. Le signal a sifflé faiblement, détérioré par l’humidité.
Et puisqu’aucune réponse ne me parvenait, j’ai baissé les bras.
J’ai envoyé un SOS lorsque les commandes ont cessé de fonctionner, lorsque tout s’est éteint et que j’ai commencé à partir à la dérive. Toujours plus loin du rivage, toujours plus isolé. Le signal a peiné à se faire remarquer, lâché en plein milieu du vent et des nuages.
Et j’ai laissé les choses se faire, regardant passivement l’eau monter toujours plus haut, et cette immense étendue dans laquelle je me perdais chaque jour un peu plus.
J’ai envoyé un ultime SOS lorsque la coque s’est fissurée de part en part, lorsque j’ai commencé à sombrer, lorsque les vitres ont éclaté les unes après les autres, lorsque je me suis senti couler dans cette immensité glacée et hostile. Le signal a retenti, haut et fort, plus puissant que jamais, détonnant au milieu d’un ciel parfaitement calme.
Et personne ne l’a écouté.
Peut-être qu’un jour, quelqu’un trouvera ces notes. Il est trop tard pour moi, mais peut-être est-il toujours temps pour d’autres personnes qui dérivent, seules, perdues dans le brouillard ou submergées par la pluie.
Pour vous, ce ne sont peut-être que quelques gouttes à traverser, que quelques fissures à colmater, que quelques instants passés dans un silence pesant, ou au contraire au milieu d’un tumulte assourdissant. Pour d’autres, ce sont des épreuves insurmontables, plus difficiles à endurer que tout ce que vous pouvez imaginer. Certains s’en sortent seuls, indemnes. D’autres ont besoin d’être entourés et aidés pour les affronter. C’est comme ça, et ce n’est pas honteux.
Alors je vous le demande maintenant, au nom de toutes celles et ceux qui envoient des SOS, chaque jour qui passe : si vous en percevez un, prenez le temps de l’écouter, ne l’ignorez pas.
Et peut-être sauverez-vous une âme de la noyade.
Vraiment très beau et triste!
Merci bebou °-°
C’est très parlant, bonne métaphore !
Merci d’avoir pris le temps de lire ♥♥
C’est tout simplement magnifique. J’aime beaucoup l’image très parlante que tu donnes à ce sentiment de désespoir et à tous ces appels à l’aide qui restent sans réponse.
Merci beaucoup ! Pas le plus joyeux mais c’est nécessaire d’aborder ces sujets-là aussi ♥