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Les Envahis, 19 : Sonder

« Qu’est-ce que tu vois? »

Entre cinq et sept heures du matin retentiraient les réveils. Des milliers de personnes se lèveraient, se laveraient, mangeraient, boiraient un café et partiraient de chez elles. Vers sept heures trente, les premiers bouchons se formeraient dans les rues. Vers huit heures, il serait presque impossible de circuler dans les plus passantes, et les transports en communs seraient pleins à craquer. Dans les trams, les bus, les métros, les gens s’entasseraient en essayant vainement de ne pas se faire écraser par la masse. Dans les rues, les gens marcheraient, chacun dans son monde. Puis les espaces publics se videraient et les bureaux, les amphis ou encore les salles de classe se rempliraient. Le soir vers cinq heures trente, la même chose se produirait dans l’autre sens. Les gens rentreraient chez eux et essaieraient de décompresser avec leur famille, colocataire ou animal de compagnie, jusqu’au lendemain. Certains organiseraient des soirées ou assisteraient à des spectacles ou à des concerts pour se détendre. Mais tout recommencerait invariablement le lendemain.

Ce jour-là, depuis le balcon de cet appartement du troisième étage, le jeune couple faisait des observations. Elle remarqua que les gens qui marchaient dans la rue étaient dans leur univers, que la plupart faisaient des écarts en marchant afin d’éviter les SDF, les démarcheurs, les bénévoles qui les abordaient, et reprenaient leur route parfois sans même les regarder, ou probablement en leur accordant tout juste un « Désolé, je suis pressé. », ou encore un « Je n’ai pas de monnaie ». Les gens qui partaient s’entasser dans les transports en commun surveillaient leur sac, la main dessus de peur de se le faire voler. Certains marchaient en regardant droit devant eux, l’air déterminé, d’autres baissaient les yeux et pressaient le pas, des écouteurs dans les oreilles.

« C’est fou, poursuivit-elle, de réaliser que chaque passant, chaque commerçant, chacune de ces personnes qu’on voit ici, a une vie aussi complexe que la nôtre. T’imagines tous les univers que ça fait ?

– Je connais ce sentiment, lui répondit-il. On appelle ça le sonder. Ça fait partie des concepts qui me fascinent. »

Elle s’appuya contre la balustrade. Il était huit heures exactement, et elle avait la chance de ne commencer les cours qu’à dix heures ce jour-là. Son petit ami s’était inscrit dans un cursus de psychologie purement par intérêt personnel et ne souhaitait pas en faire son métier, alors il était peu assidu aux matières qui ne lui faisaient pas envie. Aujourd’hui, il n’allait probablement pas se déplacer et se contenter de dessiner pour ses clients.

« Et toi, qu’est-ce que tu vois, alors ? »

Il réfléchit quelques instants, cherchant la meilleure manière de lui décrire sa vision des choses. Puis il se lança:

« C’est comme si tu mettais un filtre devant tes yeux, un peu comme ceux que tu peux mettre sur une photo avec ton téléphone. Ça change toute la photo. Et ce filtre, je l’ai depuis ma naissance.»

Il se concentra quelques instants.

« Je vois la même chose que toi au premier abord. Il faut que je… Je sais pas exactement comment te décrire ça… Je dois concentrer mon regard si je veux voir autre chose, le détacher de ce que je suis en train de voir. Pour appliquer le filtre, si on veut. Et une fois le filtre activé, je peux voir les insectes. Il y en a qui tournent en rond, d’autres qui s’accrochent à une personne, d’autres qui attendent, posés sur un mur ou un arbre… Ils sont pas très grands, mais certains deviennent plus gros quand ils ont trouvé leur victime. Et les victimes… la plupart cachent bien ce qu’elles ressentent. Mais il y en a qui ont l’air au bord du gouffre.»

Il se tut un moment. Sa petite amie lui demanda alors des précisions:

« Mais il y a pas que des insectes, c’est ça? Il y a plein d’autres choses…

– Oui, c’est ça. Après, ça me fatigue de mettre ce filtre, donc c’est pas souvent que je vois d’autres choses. Mais ça m’est déjà arrivé d’apercevoir… des fantômes, ou espèces d’ombre, je sais plus comment ça s’appelle… Un nom anglais… Enfin, peu importe. La plupart d’entre eux ont l’air de ne même pas savoir où ils sont, ils sont comme perdus. Et honnêtement, il y a pas grand-chose d’autre. Si j’ai bien compris, les villes leur donnent pas beaucoup d’énergie, alors il y aurait peut-être plus de trucs à voir dans un petit village. Par contre, les gens poursuivis ont l’air beaucoup plus inquiets, ça se voit, ils regardent par-dessus leur épaule des fois, ils marchent vite et…»

Il s’interrompit, le teint livide. Sa petite amie tourna la tête vers lui, inquiète.

« Stan ? Qu’est-ce qui se passe ? »

Il était en train de fixer un jeune homme qui passait dans la rue. Il ne pouvait pas voir l’expression de son visage de là où il était, mais sa démarche était tranquille. Il n’avait pas l’air de fuir quelque chose en particulier. Pourtant, il avait quelque chose. Quelque chose de terrifiant, dont Stanley n’avait encore jamais soupçonné l’existence jusqu’alors.

« Bordel… »

Il quitta précipitamment son balcon et se dirigea vers son ordinateur. Alors qu’il allait faire une recherche, sa petite amie surgit à son tour :

« Mais qu’est-ce que t’as ?

– Ce mec, bafouilla Stanley, ce mec a un truc… Je pensais que ça existait pas ! C’est pas possible que ça existe… C’est pas possible…

– Mais de quoi tu parles ? Stan, tu me fais peur, là!»

Le jeune homme la regarda enfin dans les yeux.

« Il a… Il a un double. J’en suis sûr.

– Un double, comme un jumeau maléfique ? Mais ça peut pas exister, ça !

– Je croyais aussi… Mais j’en suis sûr. Ce don… il me trompe jamais.»

Sans rien ajouter de plus, il se mit à taper frénétiquement sur son clavier à la recherche d’informations sur les doubles.

« Et donc, quelques jours plus tard, j’ai trouvé le moyen de l’aborder quand je l’ai recroisé, expliqua Stanley. Et après, tu connais la suite… »

John était encore sous le choc. Stanley était devenu ami avec Peter. D’accord, Deltown était connue pour être une ville très appréciée par les artistes, et la maison d’édition qui publiait la bande dessinée de Peter se trouvait là-bas, mais tout de même. La coïncidence était énorme.

« Quel hasard en bois, quand même. Enfin, j’imagine que j’ai pas besoin de te raconter tout ce qui lui est arrivé, il a dû t’en parler ?

– Ouais. Il m’a parlé de votre groupe, mais pas des entités ni de ton don. Et comme il y a un paquet de gars qui s’appellent John dans le monde, j’ai pas fait le rapprochement tout de suite. Enfin bref, tu voudrais que je vous remette en contacte ?

– Lui reparler… J’y avais pas pensé. Peut-être, oui… Mais seulement s’il en a envie.

– Le contraire m’étonnerait, vous avez l’air de lui manquer. Je peux en discuter avec lui et lui proposer de reprendre contact avec vous. Enfin, vaudrait mieux que ça passe par toi au début, puisque c’est toi qui m’as trouvé.

– D’accord, pas de problème. »

John, qui avait vraiment envie d’avoir des nouvelles de Peter, espérait secrètement que Stan parviendrait à le convaincre. Mais bien sûr, il se demandait comment réagiraient les autres, et en particulier Chloe.

« Par contre, je te préviens… Il a refait sa vie. Il a une copine, et ils vivent ensemble. Je te dis ça par rapport à son ex, on sait jamais.

– Aïe. »

Ça, ça ne présageait rien de bon.

« Ça va être si délicat que ça ?

– Clairement, oui. Enfin, on en n’est pas encore là. Tu pourras me tenir au courant ?

– Oui, bien sûr. Je dois y aller, je suis claqué. À plus tard.

– OK, bonne nuit. Merci pour l’appel. »

Stan raccrocha et John referma son ordinateur. Il soupira. Une nouvelle vie, une nouvelle petite amie… Non, ça n’allait pas être simple à annoncer à Chloe.

Encore un problème qu’il devrait reporter à plus tard.

Une semaine s’écoula sans que John ait de nouvelles de Peter. Il n’avait par conséquent pas encore parlé à ses amis de sa discussion avec Stanley et espérait pouvoir le faire au plus vite : il détestait leur cacher des choses.

En attendant, la fin du mois d’avril approchait et le temps s’était beaucoup adouci au cours de la semaine. Les beaux jours revenaient. Les patrons de café remettaient leurs tables et leurs chaises à l’extérieur, de plus en plus de gens se promenaient le long de la plage, et la famille de Dean avait même déjà pu manger sur sa terrasse.

Le groupe d’amis avait donc décidé de se faire un petit goûter sur la lande : cidre doux, jus d’orange, petits gâteaux, rien ne manquait. Ils convièrent Rose à leur sortie dans le but de l’intégrer un peu plus à leur bande. D’abord surprise par l’invitation, elle avait finalement accepté de se joindre à eux.

John et Chloe s’assirent sur le banc de fortune, et les autres s’installèrent dans l’herbe en cercle. Évidemment, il était interdit de parler de la moindre entité. Rose, d’abord intimidée par ce groupe soudé depuis longtemps dans lequel elle débarquait, finit par s’ouvrir à eux, un verre de jus d’orange à la main.

« Leo c’est mon demi-frère, en fait. Mon père a quitté ma mère quand j’étais petite puis pendant un moment, elle a été seule. Ensuite, elle a trouvé quelqu’un avec qui elle a eu Leo. On était vachement heureux, à ce moment-là. Puis après… »

Elle se tut un instant.

« Après il s’est passé des choses, et Leo a arrêté de parler. »

Son visage s’assombrit, puis reprit une expression neutre au bout de quelques secondes, comme si elle s’était soudainement souvenue qu’elle n’était pas censée montrer d’émotions. Puis elle changea de sujet en les faisant parler d’eux afin de mieux les connaître.

Les adolescents se séparèrent lorsque la pluie se mit à tomber.


Pour la première fois depuis son emménagement, Rose rentra chez elle apaisée. Elle passa la soirée sur un jeu de société avec son petit frère après lui avoir raconté son après-midi. Elle se sentait comme libérée d’un poids : enfin, elle se faisait des amis.

Mais elle perdit son sourire en repensant à quelque chose. C’était juste un détail, mais elle se souvenait de ce qu’Andrew lui avait dit lorsqu’elle l’avait interrogé sur ses blessures en essayant d’avoir l’air aussi naturel que possible, comme si elle faisait simplement la conversation.

« Je suis maladroit. Je tombe souvent, je me blesse. Mais non, c’est jamais très grave, t’en fais pas. »

Elle avait essayé de ne rien laisser paraître, mais cette réponse lui avait laissé un goût amer. Cette excuse, elle l’avait trop entendue. Elle n’y croyait plus.

Elle ne connaissait pas encore assez Andrew pour l’interroger, mais elle se demanda si le reste du groupe était au courant. Elle se mit à y réfléchir.

Elle n’était pas arrivée dans ce lycée depuis très longtemps, mais il n’avait rien à voir avec celui auquel elle était inscrite dans son ancienne ville. Elle se souvenait que là-bas, il n’était pas rare que certains élèves, généralement en groupe, se comportent comme des terreurs et agressent les plus faibles. Ici, le harcèlement semblait presque inexistant.

Non, les cicatrices et autres blessures de son nouvel ami devaient venir d’ailleurs… Elle avait brièvement entendu quelques membres de leur groupe dire que les parents d’Andrew étaient très stricts mais… à quel point ? Étaient-ils capables de ça ? Et si oui, qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire pour l’aider ? Et si ses amis ne se doutaient de rien ? Il n’était parfois pas évident de se rendre compte de la souffrance de ses proches… Mais elle n’avait aucune envie de le laisser seul dans cette situation.

Une fois rentré chez lui après le pique-nique, John se connecta sur sa messagerie en ligne et constata qu’il avait un nouveau message de Stanley. Ce dernier était encore en ligne.

« Salut John, j’ai discuté avec Peter. Il est OK pour reprendre contact avec toi, mais il est pas là cette semaine – il part en vacances avec sa copine – et il m’a dit qu’il voulait prendre le temps pour toi, alors il te parlera en rentrant. Il y tient vraiment. J’espère que ça va de ton côté. Bonne soirée ! »

John avait une boule dans la gorge. Cela se confirmait : Peter allait leur reparler. Il se demandait déjà comment il allait pouvoir annoncer la nouvelle, ou plutôt les nouvelles, à Chloe. Cela allait être délicat.

« Quoique, se rassura-t-il, j’ai pas besoin de lui dire qu’il s’est remis en couple. »

Mais alors qu’il s’apprêtait à répondre à Stanley, il eut une drôle de sensation qui le poussa à se lever et à aller regarder par sa fenêtre.

Son intuition ne l’avait pas trompé : il y avait bien quelque chose dehors. Cependant, alors qu’il s’attendait à voir des formes lointaines et floues comme cela lui arrivait de temps en temps à Stonevalley, il aperçut très nettement… le double de Peter, planté devant chez lui. John frissonna : malgré ses rideaux qui étaient censés le masquer des regards extérieurs, le jumeau maléfique le fixait. Et contrairement à d’habitude, il ne semblait pas perdu et n’arborait pas une expression neutre. Il avait un petit sourire moqueur en coin. Il ne tarda pas à s’évaporer, le temps d’un clin d’œil. John n’était pas rassuré pour autant.

Il savait que le double avait tendance à apparaître lorsque l’on parlait de lui ou de Peter, mais il ignorait que cela s’appliquait également aux conversations virtuelles. Et l’entité avait eu un air bien plus étrange que d’habitude…


À l’autre bout du village, depuis la fenêtre de sa chambre, Chloe l’avait vu également. Ce soir-là, elle était en train de discuter avec Finnley de choses et d’autres, quand son intuition l’avait poussée à se lever et à aller jeter un coup d’œil par la fenêtre de sa chambre. Elle avait alors croisé le regard de l’alter ego de Peter, cette chose qui avait détruit sa vie et l’avait poussé à déménager. Comme à chaque fois qu’elle apercevait l’entité, elle avait un pincement au cœur. Et aujourd’hui, il avait une drôle de lueur dans les yeux et un sourire étrange. Le doppelgänger s’estompa au bout de quelques secondes. Avant de tirer ses rideaux, Chloe avait murmuré pour elle-même :

« M’en fiche, t’es quand même moins beau que lui. »

Puis elle était retournée à ses occupations.

Finnley et elle se racontaient énormément de choses. Il savait presque tout de sa vie, sauf bien entendu, tout ce qui touchait au paranormal. Concernant Peter, elle lui avait simplement dit que c’était une histoire d’ex qui l’avait beaucoup fait souffrir sans entrer dans les détails, et il avait eu la décence de ne pas insister. Finn était plutôt bavard, lui aussi. Elle commençait à connaître beaucoup de détails sur lui, sur sa vie. Malheureusement, il se connectait de moins en moins souvent. « Les études », disait-il. Elle espérait qu’ils puissent se rencontrer durant les prochaines vacances, sans trop y croire : jamais ses parents ne la laisseraient partir aussi loin pour voir un inconnu, et elle doutait qu’il accepte de se déplacer jusque dans un petit village complètement perdu.

Elle passa une bonne partie de la soirée à discuter avec lui, jusqu’à ce qu’il se déconnecte brusquement sans la prévenir. Au bout d’un moment, elle cessa de l’attendre et alla se coucher. Finn faisait souvent ce genre de choses, et ne justifiait jamais ses soudaines absences. Chloe savait bien qu’il n’avait aucun compte à lui rendre, mais par moments, elle le trouvait… bizarre.

Avant de s’endormir, elle repensa au double de Peter. Son regard lui avait vraiment paru étrange. Elle avait un mauvais pressentiment.

À un kilomètre de là, loin du double de Peter, Dean était occupé à réviser ses examens de fin d’année. Son père et sa mère étaient partis se promener et pique-niquer sur la plage et ne comptaient pas revenir avant des heures. Seul dans la maison complètement silencieuse, il était concentré sur ses cours d’histoire depuis plus de deux heures. Mais soudainement, alors qu’il s’attaquait à une nouvelle page, il perçut un mouvement sombre désormais familier dans son champ de vision. Il tenta de l’ignorer, plaçant sa main gauche sur le côté de son visage pour s’empêcher de la voir. Mais il sentait sa présence, plus tenace que d’habitude, et il se mit à angoisser en se demandant ce qu’elle était en train de faire.

Il ferma les yeux un moment et prit une grande inspiration. Et prenant son courage à deux mains, il retourna vivement le fauteuil de son bureau en direction de l’endroit où il l’avait aperçue avant d’ouvrir les yeux. Il s’attendait à ce que ce brusque revirement la perturbe, mais il n’en fut rien. Et ce fut lui, Dean, qui regretta amèrement de lui avoir fait face.

La créature avait pris l’apparence de John. La copie semblait bien plus grande que l’original mais pour la première fois, ses bras et ses jambes étaient correctement assemblés et proportionnés par rapport à la taille de la chose. Elle s’améliorait…

Mais Dean ne regardait pas son corps. Il avait les yeux rivés sur le visage de l’entité, qui avait reproduit celui de John presque à la perfection. Ses traits étaient figés dans une expression d’horreur et d’abattement profond, si intense que le cœur de l’adolescent se serra. Mais il ne parvenait pas à détacher son regard de la vision, comme happé.

Il y eut un moment de flottement, de silence pesant durant lequel il fixait la chose droit dans les yeux, tétanisé, les bras recouverts de chair de poule.

Cela dura jusqu’à ce que son champ de vision se trouble et qu’il soit obligé de cligner des yeux. Le temps qu’il les rouvre, l’ombre avait complètement disparu. En sentant une goutte tomber sur sa main, Dean comprit que c’étaient ses larmes qui avaient rendu sa vue aussi floue. Il ne s’était même pas aperçu qu’elles lui étaient montées aux yeux.

Il avait du mal à respirer. Il fallait qu’il sorte d’ici.

Il se leva et en se voyant dans le miroir accroché à sa porte, il eut un mouvement de recul en constatant qu’il était pâle à faire peur et qu’il tremblait de tous ses membres. Il descendit lentement l’escalier et se dirigea vers la salle de bains. Encore fébrile, il s’y enferma se passa de l’eau sur le visage plusieurs fois. Puis il s’effondra sur le sol, assis contre le mur. Un quart d’heure plus tard, il n’avait toujours pas bougé.

Il avait peur de garder les yeux ouverts mais dès qu’il les fermait, l’image du visage de John déformé par la peur et la peine lui revenait en tête dans les moindres détails.

Il ne s’était jamais senti aussi mal. À présent, l’ombre savait comment l’atteindre. Elle savait ce qui le faisait le plus souffrir.

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