Dean se réveilla vers dix heures du matin, mais il passa quelques minutes sur son téléphone avant de décider de se lever. Il s’étonna d’avoir du réseau avant de deviner que c’était sans doute dû au fait que la maison était située en hauteur, donc plus près de l’antenne relais que le reste du village. Cela n’allait pas beaucoup lui servir pour autant, mais c’était bon à savoir.
Sa mère était dans la pièce d’à côté en train de monter son propre bureau, l’un des seuls meubles qu’ils avaient emportés. Dean la salua puis descendit prendre un jus de fruit. Son père étant absent, Dean supposa qu’il avait dû descendre au village pour essayer dès aujourd’hui de trouver un travail. Il admira son courage : depuis que son père était au chômage, il ne dormait presque plus et passait ses journées à chercher un nouvel emploi. Il travaillait auparavant dans un garage qui avait fermé. S’il souhaitait au départ retrouver un poste similaire, il avait été contraint d’élargir les recherches lorsqu’il avait compris que c’était presque mission impossible. Il était donc prêt à accepter à peu près n’importe quel métier manuel, et tant pis si cela n’avait rien à voir avec un garage.
Dean partit siroter son jus de fruit sur la terrasse en admirant le paysage. S’il n’avait pas arrêté le dessin et entretenu son don, il aurait sans doute réalisé des croquis de ce qu’il avait sous les yeux. La lande à perte de vue d’un côté, des champs et une forêt au loin… De l’autre côté, quelques pâtés de maisons, des bâtiments abandonnés ressemblant à des granges, de petites étendues d’eau au milieu des plaines, et la mer. Plusieurs sortes de paysages réunies en un seul panorama. Cela lui donnait envie de visiter les alentours. De plus, la météo lui était favorable : peu de vent, grand soleil… L’adolescent en conclut que c’était le moment idéal pour une petite visite, ne serait-ce que pour tromper l’ennui. Et il avait envie de découvrir les trois autres villages.
Eganlake, Widheshore et Woodglades.
Il se rendit à la salle de bains après un repas rapide en compagnie de sa mère. Dean se regarda brièvement dans le grand miroir qui lui faisait face : ses cheveux étaient comme souvent complètement en désordre, car il prenait rarement le temps de les coiffer convenablement. Il était plutôt frêle, pas très grand et son visage rond et ses grands yeux bleus lui donnaient un air enfantin. L’adolescent avait seize ans depuis environ six mois… mais on lui en donnait toujours deux ou trois de moins. Secrètement, il espérait grandir encore un peu et avait hâte de pouvoir se laisser pousser une barbe, un jour. Il prit une douche, s’habilla rapidement puis sortit de la maison, une petite veste sur le dos au cas où le vent soufflerait sur la côte.
Il fit rapidement le tour de Stonevalley. Son père lui avait appris que le village comptait à peine un demi-millier d’habitants, il ne fut donc pas étonné de ne croiser presque personne dans les rues. Au gré de ses déambulations, il repéra une boulangerie mais également une cordonnerie et une confiserie. Il se demanda un instant si leurs affaires fonctionnaient puis il songea qu’après tout, s’ils étaient les seuls des quatre villages à avoir cette activité, il y avait de grandes chances qu’ils aient suffisamment de clients pour ne pas avoir à fermer boutique. Un établissement un peu plus grand que les autres faisait office de collège et d’école primaire à la fois, et le panneau à l’entrée stipulait qu’il réunissait les élèves des quatre villages. Cela changeait de Leedsburgh, son ancienne ville, qui comptait au moins cinq établissements rien que pour les élèves de primaire.
Il sortit de Stonevalley et se dirigea vers Eganlake, le village le plus proche de son point de départ. Il fallait descendre une longue pente le long de la route pour l’atteindre, et Dean se dit que la remontée le ferait probablement souffrir mais remit ce détail à plus tard. À l’entrée, un panneau indiquait un peu moins de quatre cents habitants. Pour Dean, c’était vraiment dépaysant. Quatre cents, c’était le nombre d’élèves inscrits dans la première école qu’il avait fréquentée.
Les maisons de ce village étaient semblables à celles de Stonevalley. À part ces habitations, la rivière et les quelques étangs qui le bordaient – les fameuses étendues d’eau qu’il avait pu observer depuis sa terrasse, l’endroit n’avait rien d’exceptionnel et était désert. De loin, Dean aperçut une auto-école et un garage. Pendant un bref instant, il imagina son père y travailler et s’éloigna le sourire aux lèvres. Direction Wideshore.
Le vent se mit à souffler de plus en plus fort tandis qu’il se rapprochait de la côte. Il ferma sa veste, se félicitant au passage d’avoir pensé à ce détail, tout en dépassant le panneau à l’entrée. Wideshore, environ sept cents habitants, au moins le triple à cette saison. Faire le tour de ce village lui prit plus de temps que prévu, même s’il ne s’engageait pas dans les ruelles qui ne menaient sans doute qu’à des habitations. Cependant, Wideshore présentait beaucoup plus d’infrastructures que les deux premières communes. Il passa devant une piscine, une école de danse, et d’autres bâtiments dont il ne devina pas l’utilité et dont les noms d’entreprise écrits en grand ne lui rappelaient rien. Il ne longea pas la plage qui était trop bondée à son goût, et préféra se diriger vers l’extrémité du village qui le mènerait au plus près de Woodglades. En quittant Wideshore, il aperçut un petit hôtel en périphérie de la ville, et en devina un autre un peu plus loin. Le maire n’avait pas lésiné sur les moyens d’attirer les vacanciers.
Se rendre à Woodglades fut bien plus long et pénible que prévu pour Dean, car comme Stonevalley, ce village était plus en hauteur et la pente était raide. Il lui fallut environ un quart d’heure de plus que pour les deux autres fois avant d’apercevoir le panneau. Avec soulagement, il songea qu’au moins, il n’aurait plus rien à remonter pour rentrer chez lui.
Avec huit cents habitants, Woodglades était l’agglomération la plus peuplée des quatre. C’était sûrement ce qui justifiait la présence de la gare ferroviaire devant laquelle il passa. Il y avait quelques passants dans les rues, d’autres qui prenaient le thé à leur terrasse… Ici les maisons étaient en bois, la plupart peintes et vernies. Dean passa devant le lycée qui devait sans doute réunir lui aussi les élèves des quatre villages.
Le lycée dans lequel il allait très bientôt entamer sa deuxième année, en option littéraire. En y pensant, il sentit monter en lui un début d’angoisse et s’efforça alors de détourner le regard pour poursuivre son chemin. Aux abords de Woodglades, il aperçut la forêt d’un côté, et les champs qu’il voyait depuis sa fenêtre de l’autre. S’il y avait plus d’habitations que dans les autres villages, Dean passa également à côté de grands bâtiments qui comme à Wideshore, ne lui rappelaient rien. Une fois arrivé devant un grand supermarché, il se demanda si visiter le reste en valait la peine. Cela devenait répétitif. Ses jambes lui faisaient mal et il avait à peine la force de rentrer chez lui. Sa mère lui avait parlé de navettes qui faisaient régulièrement le trajet entre les quatre villages, mais il ne connaissait pas les horaires et n’avait aucune idée d’où il devrait se poster pour attendre. Et pour couronner le tout, il n’avait pas d’argent liquide sur lui. Il n’était pas avancé, avec tout ça…
Plongé dans ses pensées, il sursauta en entendant une voix forte l’appeler :
« Dean ? C’est toi ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? »
Il se retourna et aperçut son père qui se dirigeait vers lui, ses clefs de voiture à la main. Il lui expliqua brièvement qu’il venait de visiter les alentours de Stonevalley.
« À pied ? Quel courage ! Allez viens, je te ramène à la maison. »
Adrian ne pouvait pas mieux tomber. Son fils le suivit jusqu’à sa voiture en poussant un soupir de soulagement et s’installa du côté passager.
À peine un quart d’heure plus tard, Dean et ses parents étaient à la table de leur terrasse, des boissons fraîches à la main. Adrian put alors leur faire le bilan de cette première journée à chercher du travail autour de leur nouveau domicile. Il leur annonça qu’il avait quelques pistes dont une à Stonevalley, chez un fermier qui partait à la retraite. Le père de Dean semblait plus optimiste que lorsqu’il cherchait un emploi dans son ancienne ville.
« Ici tout le monde se connaît, expliqua-t-il entre deux petits gâteaux. Les gens sont toujours prêts à se rendre service. D’ailleurs, il y en a même qui m’ont demandé mon numéro pour me rappeler au cas où ils entendraient parler de quelque chose qui pourrait m’intéresser. Il y a vraiment l’air d’y avoir une ambiance familiale. Je trouve qu’on est plutôt bien accueillis. »
Quant à Marlene, elle aussi semblait apprécier le village : elle aimait le calme qui s’en dégageait et, avec un sourire en coin, elle ajouta que ce nouvel environnement l’inspirait beaucoup, et qu’elle avançait son roman à un meilleur rythme que dans leur ancienne ville.
Si en apparence, Dean se réjouissait pour ses parents, il était profondément mal à l’aise sans oser leur avouer. Sans savoir pourquoi ni pouvoir déterminer si cela était bon ou mauvais, il sentait qu’il y avait une ambiance étrange dans les parages, comme si quelque chose d’impalpable flottait dans l’atmosphère. Il avait eu cette sensation tout au long de sa visite des alentours, mais cela était bien plus prononcé à Eganlake et à Stonevalley. C’était comme une force qui faisait pression sur lui. Comme lorsque l’on plonge trop profondément dans l’eau, à en avoir mal à la tête.
« C’est peut-être tout simplement l’effet que ça fait de vivre dans un lieu complètement coupé du monde, songea-t-il. »
Ou plutôt, il tentait de s’en convaincre car il ne savait pas comment se rassurer. Le soir, Adrian passa un long coup de fil à sa sœur pour lui raconter ses premières impressions sur le village. Sa mère se plongea dans son futur roman après avoir installé son ordinateur et rebranché la box pour Internet, alors Dean monta dans sa chambre, désœuvré. Il alluma son propre ordinateur et sans savoir pourquoi, se mit à chercher des informations sur Stonevalley.
Après quelques recherches, le jeune homme s’étonna de trouver un site dédié aux quatre villages. Il cliqua sans hésiter sur le lien. Qui avait pu le créer, et volontairement décider de payer pour l’héberger ?
Le site se voulait être le plus complet possible mais visiblement, ses créateurs avaient trouvé assez peu d’information sur l’histoire et l’origine de ces quatre villages fondés quelques siècles auparavant, exactement le même jour. L’année n’était pas indiquée mais étonnamment, la date était très précise: c’était un 28 octobre. En effet, il était écrit sur le site qu’il existait très peu d’archives concernant les villages, car beaucoup de documents avaient été détruits lors des bombardements de la dernière grande guerre que le pays avait connue. Il put en revanche apprendre de nombreuses choses encore d’actualité. Notamment, il y lut que l’ensemble des villages était communément appelé « le Havre Perdu » car autrefois, presque personne ne visitait cet endroit et que les emménagements y étaient très rares.
Cela avait changé lorsque l’économie de Wideshore s’était effondrée. Elle qui reposait auparavant entièrement de la vente du poisson s’était retrouvée mise à mal lorsque les villes voisines étaient entrées en concurrence avec le village : pêchant en masse avec de gros bateaux, les industries halieutiques produisaient bien plus et pour bien moins cher. Et de moins bonne qualité, devina Dean. Mais cela importait peu lorsque de l’argent était en jeu.
Rapidement, Wideshore ne parvint plus à subvenir aux besoins des habitants. Le maire de Woodglades mit tout en œuvre pour aider son voisin, et Dean comprit rapidement qu’il ne faisait pas cela de manière désintéressée. Il proposa au maire de Wideshore de rendre sa ville attractive pour les touristes en bâtissant quelques maisons de vacances, en ajoutant un camping, un spa, quelques petits hôtels et un centre de thalassothérapie. Il fallait que Wideshore soit attractive.
À côté de cela, Woodglades construisit un grand supermarché, son propre hôtel et même une salle de spectacles qui n’ouvrait qu’en été, remplaçant un cinéma qui avait fermé des dizaines d’années plus tôt. Et ce, contre l’avis de la maire d’Eganlake, du maire de Stonevalley et de la plupart des habitants du Havre Perdu. Mais quelques années après, tous ces efforts avaient payé : l’économie de Wideshore reposait désormais presque entièrement sur le tourisme, et Woodglades avait réalisé d’énormes bénéfices. Malgré cela, les habitants regrettaient le temps où leur village était totalement isolé du monde, en paix. Le temps du Havre Perdu. Dorénavant, ce n’était plus qu’un Havre… Du moins, pendant les trois quarts de l’année.
En parcourant une autre page, le jeune homme apprit de quelle façon les quatre villages s’organisaient. Chacun faisait valoir sa spécialité tout en restant connecté avec les trois autres, le but étant qu’un maximum d’infrastructures et de services soient disponibles dans ce havre sans devoir aller ou faire appel à l’extérieur. Enfin, le moins possible.
Ainsi, Stonevalley scolarisait les enfants de l’école primaire jusqu’au collège. Son économie reposait surtout sur l’alcool et la cueillette de fruits revendus principalement aux autres villages du Havre. On y distillait du vin et y brassait de la bière, mais le lieu était avant tout réputé pour son cidre qui se vendait dans toute la région. C’était ici que les habitants allaient chercher leur pain dans une grande boulangerie artisanale, et c’était également là que l’on trouvait la meilleure confiserie de la région – selon le site.
À côté, Eganlake était une ville d’artisans : on y produisait de beaux meubles et objets de décoration en bois et en métal, pour les locaux comme pour le reste de la région. On y vendait par ailleurs des alcools bien plus forts à base de toutes sortes de fruits, ainsi que du poisson d’eau douce. Le village présentait comme Dean l’avait vu un garage, une auto-école, mais le site lui apprit qu’il y avait un service de garderie, une petite auberge ainsi qu’une grande librairie.
Comme il l’avait appris, Wideshore vivait en grande partie du tourisme, mais l’économie reposait aussi sur la vente de vêtements originaux, créés par quelques habitants qui tenaient une grande boutique dans le centre-ville, boutique qui se transmettait de père en fils et de mère en fille. Dean se demanda si ce n’était pas le cas de la plupart des commerces ici : reprenait-on forcément l’activité de ses parents lorsque l’on devenait adulte, dans ces villages ? Sans réponse, il continua sa lecture. Comme il l’avait vu plus tôt dans la journée, c’était là que se trouvaient les centres de loisirs où devaient être inscrits beaucoup d’enfants et d’adolescents. Les pêcheurs vendaient toujours du poisson, mais en plus petite quantité et principalement aux locaux. D’ailleurs, les filets étaient fabriqués et vendus aux pêcheurs directement sur place.
Woodglades exportait essentiellement du bois dans le havre et autour, mais se chargeait en plus de cela de la production de viande, de légumes et de miel. La lecture du site confirma à Dean qu’il serait bien scolarisé dans ce village. C’était aussi là-bas que se situaient la pharmacie, un petit centre médical et une caserne de pompiers.
Tous les ans et à tour de rôle, un des quatre villages se chargeait de célébrer le jour de l’an, mais également la date de la fondation des villages du havre : le 28 octobre. Dean comprit alors que s’ils ne pouvaient pas savoir en quelle année le Havre Perdu avait été fondé, les habitants savaient que la fête avait toujours eu lieu à la même date, et ce depuis des siècles. Ils le tenaient de leurs grands-parents, qui eux-mêmes le tenaient des leurs. La seule chose que l’on savait, c’était que cette tradition datait du seizième siècle. Dean fut surpris d’apprendre qu’aucun des villages ne célébrait la fête nationale du pays. Le 28 octobre en tenait lieu.
Fasciné, il lut de nombreux autres articles, dont un qui listait les professionnels de santé disponibles dans le havre ainsi que leur spécialité. Il était impressionné de voir que cet ensemble fonctionnait parfaitement bien. Les villages s’étaient organisés de sorte à importer le moins possible depuis l’extérieur.
Après avoir lu presque l’intégralité du site, le jeune homme était fatigué mais se sentait incroyablement bien. L’idée de vivre à Stonevalley lui parut soudainement bien plus agréable qu’auparavant, comme s’il avait trouvé ce qui lui manquait. Il se sentait aussi serein et soulagé que lorsqu’il parvenait enfin à trouver la note finale afin de créer la mélodie parfaite. Le Havre Perdu, un lieu en parfaite harmonie.
Sauf…
Gagné par la fatigue, Dean se recula dans son fauteuil et ferma les yeux. Alors une image très nette de Wideshore se forma immédiatement dans son esprit.
Le cri des mouettes, le bruit incessant des vagues et du vent qui faisait claquer les drisses des mâts des bateaux amarrés dans le port. D’épaisses chapes de brouillard qui recouvraient entièrement la mer et s’éternisaient là des jours durant, s’étalant jusqu’aux autres villages. Les pêcheurs qui se levaient à cinq heures du matin et s’installaient silencieusement dans leur bateau pendant des heures. Les enfants qui se rendaient en groupes à leur arrêt de bus pour une nouvelle journée de classe à Stonevalley. L’odeur de la mer, mais aussi celle des crêpes, des pains au chocolat et des croissants encore chauds qu’ils ramenaient de la boulangerie après leurs cours et qu’ils mangeaient sur le sable. Le Havre Perdu.
Puis un jour, des milliers de touristes. Des inconnus. Les voitures, les camping-cars, et les milliers de badauds qui encombraient les rues. Le bruit des vagues, des mouettes et du vent fut remplacé par celui des klaxons qui retentissaient régulièrement, de la musique de mauvais goût que diffusait le camping jusque tard le soir. L’odeur de la mer, remplacée par celle de la crème solaire que s’étalaient les touristes en excès, par celle de l’essence et des diesel qui polluaient les rues. Et l’odeur des pâtisseries chaudes par celle des sucreries écœurantes composées aux trois quarts de sucres, dont les enfants des estivants raffolaient.
Dean se sentit soudainement révolté. Cette vision le mettait dans une rage profonde. Il ouvrit les yeux. Une pensée qu’il ne put s’expliquer lui-même lui traversa l’esprit :
« C’est à cause de ça… C’est à cause de ça qu’ils l’ont perdue. Wideshore, Woodglades… C’est entièrement leur faute si elle disparaît ! »
Il reprit instantanément ses esprits sans parvenir à comprendre pourquoi cela l’avait mis dans un état pareil et rapidement, il oublia même ce à quoi il était en train de penser. Perturbé, il se releva difficilement mais retomba immédiatement sur son siège : il venait d’apercevoir une ombre se déplacer à toute vitesse derrière l’écran de son ordinateur, puis disparaître aussi rapidement que la veille. Il étouffa un cri et ne put s’empêcher de pester à voix haute :
« Ça va pas être tous les jours, quand même ! »
Il s’enfonça à nouveau dans son siège, les yeux fermés. Il resta quelques secondes dans cette position avant de passer sa main dans ses cheveux et de se diriger vers son lit. Cela faisait des mois qu’il apercevait cette chose étrange, une fois de temps en temps. Des mois qu’il tentait de l’ignorer et de se convaincre qu’il s’agissait d’une hallucination visuelle. Mais il n’était à Stonevalley que depuis deux jours et l’avait déjà vue deux fois. Il ne savait pas quoi en penser mais comme toujours, il préféra minimiser la chose.
« La fatigue favorise les hallucinations, se raisonna-t-il. Tout le monde le sait. Mon cerveau est épuisé alors il se met à inventer des choses. »
Il tenta également de se convaincre que c’était juste par paresse et non par peur s’il ne descendit pas à la salle de bains, ce soir-là. Il s’écroula dans son lit après avoir retiré son pantalon et sa petite veste. Il eut une dernière pensée avant de sombrer dans le sommeil, désabusé et épuisé.
Stonevalley, ça me réussit vraiment pas.