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Les Envahis, 35 : Nouveaux départs

Dean, sous le choc, fit demi-tour et se remit à courir dans le sens inverse. Il n’était plus sûr de savoir d’où il venait, ni où il allait. Mais ça n’avait aucune importance. Il devait fuir.

Lena, la vraie Lena, était-elle…?

Il ne voulait pas y penser. La fausse était armée, elle était dangereuse. Il courut à en perdre haleine, s’enfonçant entre les arbres sans réfléchir. Il ne savait pas où il était. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il voulait mettre le plus de distance possible entre lui et cette… chose.

Une brutale collision le ramena à la réalité, et il s’écroula sur le dos alors qu’il entendait une voix masculine jurer. Et en face de lui se tenait John, qui se frottait le front, tout aussi surpris que lui.

« Dean ? Bordel, il t’est arrivé quoi ? T’es pas blessé, j’espère ? T’es tout pâle, qu’est-ce qu’il y a ? »

Désorienté, Dean ne parvint pas à articuler un seul mot. Il saisit machinalement la main que John lui tendait et se releva. Et soudainement, il se mit à parler à toute vitesse, sans pouvoir s’arrêter :

« J’ai trouvé la fausse, la copie, je crois qu’elle a tué Lena, Lena est morte, elle avait pas de tatouage celle que j’ai trouvée, et il y avait un couteau, et plein de sang sur sa veste, et elle avait l’air tellement calme, je savais pas quoi faire, je suis parti, j’ai… Son regard… J’ai cru qu’elle allait me…

– OK, Dean, calme-toi… »

Sans prévenir, John le serra dans ses bras et posa son autre main dans son dos, pour le rassurer. Dean se laissa faire et posa sa tête sur son épaule, encore essoufflé et complètement paniqué, livide. Il avait vraiment besoin de ça, là tout de suite.

« Écoute… T’as trouvé la fausse, mais la vraie est peut-être encore en vie quelque part. Sinon, son double aurait disparu, non ? Peut-être que là-dessus, elle fonctionne comme celui de Peter. Et si elle est bien en vie, elle est blessée, donc il faut que tu te calmes et qu’on la retrouve. Tu peux faire ça, Dean ? »

L’adolescent hocha la tête, le regard vide. Il savait que John avait raison. Celui-ci s’écarta de lui et le regarda avec beaucoup d’attention, comme s’il scrutait le moindre changement d’expression sur son visage.

« J’ai peur qu’on retombe sur la fausse…

– Je sais. Mais on est ensemble, deux contre une. On la laissera pas nous faire de mal, OK ? Allez, viens. La vraie a besoin de nous. »

Comme il ne lui avait pas encore lâché la main, il l’entraîna à sa suite.

Ils restèrent ensemble pour éviter que l’un d’entre eux ne se retrouve seul face à l’entité, mais ils s’écartèrent de quelques mètres pour couvrir un peu plus de terrain. Et au bout d’un moment, les recherches payèrent.

« Lena ! s’écria John en se précipitant vers une masse étendue sur le sol. »

Dean le rejoignit en quelques secondes. C’était bien Lena, la vraie. Son tatouage en attestait. Mais elle semblait mal en point. Couverte de sang, elle présentait une coupure importante à la cuisse gauche. Elle ouvrit les yeux en entendant son prénom. D’une voix faible et endormie, elle murmura :

« Les gars… »

Sans hésiter, John enleva sa propre veste et le pressa contre sa blessure pour freiner l’hémorragie. Elle se redressa péniblement et, en apercevant tout ce sang sur sa jambe, elle manqua de tourner de l’œil.

« Appelez les secours… »

Dean sortit son téléphone, bénissant cette loi qui faisait que, même dans le plus reculé des coins du Havre Perdu, on n’avait pas besoin de réseau pour appeler un service d’urgence. Il composa le numéro mais, alors que la première sonnerie retentissait, il songea qu’il n’avait aucune idée de l’endroit précis où ils se trouvaient.

« John… je vais pas savoir leur dire où on est.

– Laisse, je sais. Je vais appeler. Passe-moi ton téléphone. »

Dean le lui tendit et prit sa place pour appuyer contre la plaie. John s’éloigna de quelques pas pour donner des indications au standard, tandis que Dean tournait la tête vers Lena qui grelottait, transie de froid. Des larmes roulaient sur ses joues sans qu’elle ne les essuie, la bouche tordue dans une grimace de souffrance.

Cette expression exacte…

Il détourna le regard et demanda à Lena d’appuyer elle-même sur sa plaie pendant quelques secondes, le temps qu’il retire sa veste pour la poser sur ses épaules. Elle la rabattit sur elle sans l’enfiler et le remercia à voix basse. Dean mourait d’envie de lui demander ce qu’il s’était passé, mais il sentait que ce n’était pas le moment. Elle était faible et risquait de tourner de l’œil à tout instant. La priorité était de veiller sur elle jusqu’à l’arrivée des secours.

John revint auprès d’eux à cet instant, reposant le téléphone de Dean à côté de lui.

« Ils vont envoyer une équipe, mais je sais pas pour combien de temps ils en ont.

– Tu penses qu’ils vont réussir à nous retrouver ? demanda-t-il d’un ton inquiet.

– Oui, ça devrait aller. En fait, je leur ai dit qu’on n’était pas loin d’un sentier, il y a une balise un peu plus bas. Ils vont sûrement arriver de là avec un brancard. »

Lena hocha la tête sans mot dire, frissonnant toujours. John s’assit à leurs côtés et enfin, Dean commença à reprendre son souffle. Même s’il craignait de voir surgir la fausse Lena de n’importe où, son long couteau à la main, et même si une ombre noire familière ne cessait de se mouvoir dans son champ de vision, l’air serein de John le rassura petit à petit. Tout allait s’arranger.


Une fois la vraie Lena prise en charge aux urgences, Dean et John revinrent sur leurs pas et convoquèrent le reste du groupe dans le no man’s land pour leur raconter les événements. Tout le monde semblait sous le choc et les bombarda de question sur l’état de Lena. Mais sans aucun moyen de la contacter, ils ne purent les renseigner plus que cela sur son état.

Il fallait attendre.

En fin d’après-midi, les six amis prirent le bus pour se rendre à l’hôpital de Newdale, où Lena avait été transportée. Les médecins limitèrent à deux le nombre de visiteurs pour ne pas fatiguer leur patiente, alors seuls Dean et John, qui étaient les plus impliqués dans cette histoire, entrèrent dans la chambre.

Ils la retrouvèrent allongée, pâle à faire peur mais consciente. À côté d’elle traînait un plateau repas à moitié plein et elle était en train de manger un peu de pain, petit bout par petit bout, les yeux à demi-clos. Elle se redressa en les voyant entrer dans la pièce.

« Hey, Lena…

– Salut, vous deux. »

Ils s’approchèrent doucement d’elle.

« Est-ce que tu vas mieux ?

– Ça peut aller… Ma blessure n’est pas infectée, ça va guérir correctement, j’ai… j’ai été prise en charge à temps pour me faire transfuser. Ils vont me garder en observation, mais je sortirai dans maximum deux jours. »

Ils soupirèrent de soulagement.

« OK, tant mieux… »

Elle se mit à regarder dans le vague, les yeux éteints. Dean la questionna, soucieux :

« Lena… qu’est-ce qu’il s’est passé ? Pourquoi elle t’a poursuivie dans la forêt ?

Elle secoua la tête et s’expliqua :

« C’est pas elle qui me poursuivait, c’est l’inverse… Elle est venue chez Jade en pleine nuit, en rentrant par la fenêtre de la chambre où je dormais. Elle m’a volé mon téléphone et mon portefeuille, puis elle m’a réveillée pour me dire que grâce à mes papiers et tout, elle allait me voler ma vie, et que je reverrais jamais Alex, ni mes parents. Je pouvais pas la laisser faire, alors j’ai couru après elle. J’ai réussi à la rattraper un moment, j’ai même pu récupérer mon téléphone… et j’aurais dû m’arrêter là. Mais quand elle a recommencé à courir, je l’ai poursuivie jusque dans cette forêt… C’était une très mauvaise idée. »

Avec hésitation, elle effleura son pansement du bout des doigts et soupira :

« Elle avait prévu le coup. Elle avait volé un couteau, sûrement à l’auberge ou chez Jade, et dès que je l’ai rattrapée, elle l’a sorti. J’ai eu peur, alors j’ai essayé de la dissuader, mais elle était déterminée à me… »

Elle ne termina pas sa phrase, et les deux garçons ne purent retenir une grimace.

« Bon, vous connaissez la suite… Elle m’a attaquée, puis… elle s’est servi de son don à la con, là. Elle m’a endormie. Vous aviez raison hier, elle avait un plan. Et comme vous m’aviez convaincue de pas la suivre, elle a tenté avec une autre stratégie… »

Dean frissonna d’horreur. Les doubles étaient vraiment d’ignobles créatures. Tant de manipulation, et ce sang froid… L’once de remords qu’il avait éprouvée la veille, lorsqu’elle et ses amis parlaient de se débarrasser de la double, avait disparu. Cette chose ne méritait pas de rester en vie.

« J’imagine qu’elle voulait me laisser endormie pendant que je me vidais de mon sang… et elle aurait définitivement pris ma place. J’aurais pu y passer… »

John hocha la tête, l’air grave.

« Alors, tu comptes faire quoi…?

– Ben… je vais rentrer à Calgata comme prévu, dans trois jours. Si c’est possible, juste avant, je… j’aimerais bien passer dire au revoir à votre groupe.

– Ouais, bien sûr. On va prendre ton numéro et quand tu seras sortie de l’hôpital, t’auras qu’à passer nous voir à la grange. »

Elle sourit faiblement.

« Merci… je sais pas comment vous faites pour rester aussi sympa alors que j’ai ramené un autre doppelgänger dans votre village sans que vous ayez rien demandé… »

John balaya sa main, l’air rassurant.

« T’en fais pas, je comprends maintenant… T’étais désespérée. Mais au moins, sache qu’on te croit. T’auras toujours quelqu’un à qui en parler quand tu seras rentrée chez toi.

– Et de toute façon, ajouta Dean en soupirant, ta double a pas l’air d’en avoir après nous. Elle est pas comme celui de Peter, on dirait. »

Lena hocha la tête.

« C’est vrai, mais c’était quand même un gros risque. Je suis désolée pour ça.

– Excuses acceptées. »

Dean appuya ses paroles d’un sourire.

« D’accord, alors… on se voit à la grange bientôt ?

– Bien sûr, rétablis-toi bien !

– Merci encore. »

Les deux garçons quittèrent la pièce, rassurés pour Lena. Elle était en sécurité.

« Du moins, pour l’instant, songea Dean avec amertume. »

Deux jours plus tard, ce fut autour d’un cidre – et d’un jus de pomme pour Jade – que les six amis se réunirent à la grange pour y accueillir Lena, pour la première et dernière fois.

Après avoir rassuré tout le monde sur son état de santé, Lena s’adossa contre une poutre pour discuter avec eux. Elle semblait aller mieux, même si elle évitait de plier la jambe et limitait au maximum ses mouvements.

« Est-ce que ça va aller ? s’enquit Chloe, compatissante.

– Ouais, je… j’imagine. Je vais faire profil bas à Calgata, je vais la laisser… prendre ma place de temps en temps si elle veut. Je compte pas m’opposer à elle de sitôt, du moins tant que j’aurai pas de vrai plan en tête. Maintenant que je sais de quoi elle est capable, je préfère éviter de l’affronter sans réfléchir. »

Dean ne pouvait que comprendre, même s’il trouvait cela rageant.

« En tout cas, je voulais encore m’excuser d’avoir ramené ça chez vous. Et de vous avoir traqués comme ça pour vous retrouver, je sais pas ce qui m’a pris.

– Le désespoir, répondit Jade d’un ton désabusé. Voilà ce qui t’a pris… Mais ouais, j’avoue que je suis pas très chaude de recevoir d’autres lecteurs comme ça, surtout s’ils ramènent un petit démon ou un poltergeist avec eux au passage. »

Lena se mit à rire, puis termina son verre de cidre.

« Ouais, je comprends. En tout cas… vous êtes vraiment un groupe en or. Vous vous êtes bien trouvés… Enfin, John, tu les as bien trouvés. J’espère que vous resterez toujours aussi unis. »

Émus, les adolescents restèrent silencieux. Puis John s’empara d’un marqueur et le lui tendit :

« Même si t’es pas venue longtemps… t’es une des nôtres, Lena. Tu peux revenir nous parler de ce que tu ressens et de ce que tu vis, n’importe quand. Alors, si tu veux bien… »

Il lui désigna une poutre du regard. Elle écarquilla les yeux.

« Alors, la fiction de Jade était vraiment si proche de la réalité ? »

Elle saisit le marqueur, se dirigea vers la face blanche de la poutre et sourit en la contemplant pendant quelques secondes. Et de sa plus belle écriture, elle ajouta son nom en bas de la petite liste.

« Lena Ellis »

Cela faisait deux ans qu’il avait emménagé à Stonevalley, jour pour jour. Et aujourd’hui, il s’apprêtait à quitter cet endroit. Il vérifia une dernière fois la liste des affaires dont il aurait besoin mais, comme il le savait déjà, il avait tout coché. Alors il se saisit du premier carton et le cala dans le coffre de la voiture. À trois, ils eurent vite fait de charger toutes ses affaires, et lorsque Dean claqua le coffre d’un air satisfait, son père soupira:

« Dire que tu nous quittes déjà…

– Papa, j’ai dix-huit ans, tu vas t’en remettre, se moqua-t-il gentiment.

– Dix-huit ans, c’est bien trop jeune ! T’es sûr que tu veux pas rester ici encore un peu ?

– Ah oui, pour étudier à la fameuse université de Stonevalley ? »

Son père rit avec lui.

« Bon, t’as gagné. Mais t’as intérêt à revenir…

– Au moins une fois par mois, et pour chaque vacances. Ça va, j’ai bien compris. Et puis, j’ai des gens à voir ici, de toute façon.

– Suis-je bête ! Comme si tu comptais revenir pour tes vieux parents ! »

Dean soupira, faussement excédé.

« Comme si je vous aimais pas ! T’exagères à peine.

– Oh, je sais bien qu’on n’est pas les seuls à qui tu vas manquer. John avait l’air tout triste aussi, quand je l’ai vu à la ferme. »

Dean ne répondit pas. Il savait que son père avait croisé John le lendemain de la soirée d’au revoir qu’ils avaient organisée sur la plage, après avoir passé l’après-midi avec leur grand-mère de cœur. Ça avait été une belle soirée… Pour chacun d’entre eux.

Pour lui, qui avait été accepté à la faculté de langues de Griancity.

Pour Jade, qui partait pour son école de journalisme à Hawsville.

Pour Chloe, qui s’envolait pour la même ville, inscrite comme prévu dans une classe préparatoire qui la mènerait, lentement mais sûrement, vers le métier de psychiatre. Si loin, au grand dam de ses parents.

Pour Andrew, qui avait changé de lycée et s’était inscrit à celui de Newdale, en internat. Grâce à cela, il allait pouvoir affaiblir la créature qui le hantait, quatre nuits par semaine, ce qui était un bon début en attendant de pouvoir partir définitivement d’ici.

Et enfin pour Rose, qui elle, ne partait pas cette année. Mais elle aussi avait quelque chose à fêter.

« Leo a parlé hier. »

Dean eut un sourire en repensant à la voix débordante de joie de son amie lorsqu’elle avait prononcé ces mots, et aux larmes d’émotion qui lui étaient montées aux yeux. Bien sûr, ce n’était pas encore gagné. Les trois insectes étaient toujours là, mais ils perdaient du terrain. Ils ne s’accrochaient plus à eux. Ils restaient en retrait, sans savoir comment s’y prendre pour garder leurs victimes sous leur coupe. Ils finiraient par partir, elle en était convaincue.

Quant à John… Lui aussi, allait rester aux villages, à dessiner ses visions, à rêver, à discuter avec la vieille Craig… et, à distance, à continuer leurs projets de bandes dessinées.

Dean rangea sa liste dans sa poche. Sur le papier, tout était coché. Mais…

« J’ai un dernier truc à faire avant qu’on y aille. Ça devrait pas être très long… Je reviens. »

Sans attendre de réponse, il s’éloigna de la maison sans suivre le chemin. Il gravit la côte et marcha un peu moins d’une dizaine de minutes, jusqu’à un endroit qu’il affectionnait particulièrement. D’ici, on avait une vue imprenable sur les quatre villages. La rivière d’Eganlake, la forêt qui jouxtait Woodglades, la longue plage de sable de Wideshore, et la lande qui bordait Stonevalley. Il était souvent venu ici pour croquer ce paysage. Mais aujourd’hui, sa présence en ce lieu n’avait rien à voir avec le dessin.

Il s’assit sur l’herbe en tailleur, en face du panorama. Puis il souffla un grand coup, les yeux fermés, et commença un exercice de respiration qu’il s’entraînait à réaliser depuis quelque temps.

Inspirer cinq secondes. Bloquer. Expirer cinq secondes. Bloquer.

Attendre.

Elle se manifesta au bout d’à peine trois minutes.

« Quelle impatience, songea Dean avec amusement. »

Au début, elle se contenta de quelques passages éclairs dans son champ de vision. Mais il savait qu’elle n’allait pas en rester là.

Il attendit encore un peu.

Puis dès qu’il sentit qu’elle s’était fixée, il se tourna vers elle.

Comme il l’avait prédit, elle avait sciemment pris la forme qui lui faisait le plus de mal, celle qu’il ne supportait pas de regarder plus de quelques secondes sans se mettre à pleurer. Elle était devenue ce John au visage figé sur une expression d’horreur et d’abattement d’une terrible intensité. Il n’y avait pas à dire, elle s’était améliorée en métamorphoses. À présent, elle arrivait à parfaitement imiter les personnes qu’elle souhaitait. Elle était toujours démesurément grande, mais avait des membres correctement proportionnés, et surtout, cette expression toujours plus réaliste, toujours plus difficile à supporter.

Mais Dean ne détourna pas la tête. Il n’eut pas la chair de poule, et ses yeux restèrent parfaitement secs. Il soutint ce regard meurtri plusieurs secondes et lâcha, en détachant chaque syllabe :

« Je n’ai plus peur de toi. »

Aussi soudainement qu’elle était apparue, elle s’évanouit dans les airs sans laisser de trace. Sans s’attarder, Dean se leva, frotta son pantalon pour faire tomber les brins d’herbe qui s’y étaient accrochés et avec un sourire, il redescendit vers sa maison tout en admirant le paysage.

Une nouvelle vie l’attendait.

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