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Nouvelle de rêve : Trois étages plus bas

Lia m’a invitée à son anniversaire. Je ne la connais que depuis deux ans, mais je suis devenue proche d’elle très vite après notre année commune au collège. Lorsqu’on arrive à se faire des amis dans un milieu si hostile, on les garde.

C’est en petit comité, ce qui n’est pas pour me déplaire. Deux trois amis à elle et étonnamment, elle a tenu à inviter mes deux cousines les plus proches de moi. Il faut dire qu’elles s’étaient bien entendues lorsqu’elles s’étaient rencontrées, mais ça me fait quand même très plaisir qu’elle ait eu envie de les accueillir aussi.

Ça y est, la nuit est tombée et nous voilà toutes réunies chez elle. Nous passons du rez-de-chaussée au troisième étage, là où il y a la plus grande pièce – donc la meilleure pour une fête. Musique à fond, films, et finalement assez peu d’alcool. Un cheval se promène dans les escaliers, mais j’imagine que c’est normal.

Mais alors que nous profitons de la soirée, une pensée me vient. C’est un peu le genre de doute qui s’incruste dans votre tête, comme un pressentiment, et qui refuse de s’en aller tant que l’on aura pas affronté le problème pour de bon.

« Lia, est-ce que t’as fermé à clé la porte au rez-de-chaussée ?

– Non, je crois pas.

– Tu devrais peut-être le faire, non, on sait jamais ? »

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas l’air aussi inquiet que moi. Elle hausse les épaules et me répond :

« Non, on s’en fout, t’inquiète. On est dans un petit village, qui va essayer d’entrer ?

– Je suis pas rassurée, je vais aller le faire.

– OK comme tu veux ! »

Elle ne me retient pas. Bon après tout, c’est quand même pour lui rendre service au départ. Je quitte la pièce, la température chute de plusieurs degrés. Seule, plongée dans le silence, je descends les escaliers. L’atmosphère devient de plus en plus pesante à mesure que je m’éloigne de la fête. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que je descende toute seule ? Quelle idée idiote !

J’atteins le premier étage. Plus qu’un niveau. J’ai froid. Je descends une, deux trois, quatre marches… L’escalier tourne. Enfin, j’aperçois le fin couloir qui mène à la porte, juste en face de l’escalier. Plus que quelques marches.

Je m’interromps. Il y a un bruit, comme un frottement. Ça provient de derrière la porte à gauche de l’escalier en bas, celle qui mène au salon. Je me fige, j’écoute. Il recommence. On dirait aussi que quelqu’un… ricane ?

Je ne peux plus descendre. Parce que si je descends, je devrai passer devant cette porte.

Terrifiée, j’attends quelques secondes. Encore un bruit. Je ne veux pas rester seule ici. Sans plus réfléchir, je remonte en courant. Retrouver la chaleur de la fête, la présence de mes amies.

Une fois là-haut, je n’ose pas en parler.

Vient le moment où nous savons que nous allons bientôt partir. La fatigue nous rattrape, et comme je n’habite pas loin, je vais rentrer avec mes cousines. Pour aller plus vite, on décide de sortir par le premier étage, il y a un balcon et un escalier qui mène au jardin. Lia est épuisée. En nous remerciant d’être venues et en nous souhaitant une bonne nuit, elle referme la porte derrière elle et remonte se coucher.

Je ne me souviens pas bien du trajet, mais je finis par m’écrouler de fatigue dans mon lit.

Réveil brutal. Mon portable, posé sur le sol, n’arrête pas de vibrer. Qui peut bien m’écrire aussi tôt le matin ? Je me penche par-dessus les rambardes de mon lit en haut pour le récupérer. C’est un ami de la famille qui m’envoie des SMS en rafales. Le premier que je vois est :

« Je suis désolé… »

J’ai un mauvais pressentiment. J’ouvre la discussion. Je ne lis que des bribes, mais ça me suffit à comprendre.

« porte restée ouverte… il est rentré par là… Elle est morte… »

Je n’arrive plus à respirer, ma vue se brouille, les larmes me montent aux yeux.

Je n’ai pas fermé cette foutue porte. C’est ma faute.

/Réveil/

Mon réveil me tire de cet enfer. Il ne fait pas exactement le même bruit que d’habitude, mais je m’en fiche. Je l’éteins précipitamment, constate qu’il est sept-heures quinze. D’ordinaire je ne suis pas aussi rapide à sortir du lit, mais j’ai besoin de me sortir ce cauchemar de la tête. À l’heure qu’il est, mon père doit être en train de prendre son petit-déjeuner. Et il me faut de la compagnie.

Je le rejoins sans hésiter. Il est-sept-heures seize. Il est bien là, son bol de café, ses tartines. Tout est normal. On échange un bonjour, mais j’ai besoin de parler du rêve.

« Faut que je te raconte, j’ai fait un cauchemar… »

J’ai du mal à parler.

« J’ai rêvé que j’étais chez Lia et que… »

J’ai de plus en plus de mal à parler, comme si ma gorge rétrécissait et bloquait mes mots.

« Qu’elle se faisait…

– Ben, quoi alors ? »

Il rit sans méchanceté, sans comprendre pourquoi d’un coup, je suis incapable de parler correctement. Les mots ne viennent plus.

« Je… »

Je force sur ma voix, encore plus fort.

Il faut que je parle, il faut que-

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Précisions : lorsque j’ai forcé sur ma voix, je me suis vraiment réveillée, pour de bon. Il était sept heures quinze, mon père prenait son petit-déjeuner (exactement la même chose) et j’ai pu lui raconter tout ça. Mon réveil et son bruit inhabituel ont failli me vendre la mèche, mais j’ai pas eu la tête à me concentrer là-dessus même si j’avais remarqué. Dommage ! Bref, sinon j’ai pris des nouvelles de « Lia » après le rêve, et elle allait bien ♥ 

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